« Le Sahaj marg agit à sa manière, discrètement » ?!
NOUVELLE DONNE ?
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Whispers, d’abord une aventure commerciale, ensuite une nouvelle idéologie
Whispers, exemples de pénétration des esprits
Précepteurs, les petits soldats de Chari
Un prosélytisme entre opportunisme & culpabilité
Le Sahaj marg promet la fusion avec le divin, dans le Monde lumineux autrement appelé aussi Région centrale, grâce à la transmission de cœur à cœur du Maître au disciple. Dans ce dispositif spirituel, le précepteur sert de relais au maître, en tant que canal spirituel, quand le nombre de disciples devient important.
Du canal spirituel au racolage prosélyte
Alors que le terme de précepteur n’existait pas encore, Lalaji eut une dizaine de relais. Babuji n’en avait guère plus au milieu des années 60. Mais avec le développement de la SRCM et son internationalisation, leur nombre grimpa jusqu’à atteindre 180 à sa mort en 1983. Chari en compte aujourd’hui en 2012 un peu plus de 3 000.
Dès 1983, Chari a largement dévoyé la fonction des précepteurs. Il a commencé par démettre tous les précepteurs nommés par Babuji qui ne lui prêtaient pas allégeance. A ceux qui restaient, il a imposé de faire du prosélytisme. Fliqués et culpabilisés, gare aux précepteurs qui ne faisaient pas assez de chiffre.
Pour mieux bénéficier de la transmission du maître, les abhyasis occidentaux se sont disputé ses faveurs. Une concurrence sauvage s’est installée entre eux pour capter l’attention du Dieu incarné par le maître. Pour cela, rien de tel que de devenir précepteur et de convertir de nouveaux adeptes. Et Chari profite de cet opportunisme dont il sait jouer à merveille, distillant reproches et encouragements, opposant savamment les uns aux autres, au sein d’une hiérarchie de plus en plus élaborée et complexe.
Stratégie militaire et plan tactique d’occupation du territoire
A la base, les précepteurs s’occupent des groupes d’adeptes, réunis dans des centres où ont lieu les méditations collectives (satsangh). Le Centre est généralement le salon d'un abhyasi, parfois une salle prêtée ou louée, plus rarement un ashram. S'il y a plusieurs précepteurs, l'un d'entre eux est chargé du développement spirituel du centre (PIC, ou precepteur-in-charge). Aux échelons supérieurs, il y a des administrateurs à la tête de zones et de régions. Ce sont les zone-in-charge (ZIC) et les region-in-charge (RIC).
Les précepteurs sont les petits soldats de Chari, les administrateurs de zones sont ses sergents et les administrateurs de régions ses lieutenants. Dans l'esprit de Rajagopalachari, cette organisation est conçue pour faire du prosélytisme comme on fait la guerre, avec plan, stratégie et tactique militaire pour l'occupation du territoire. Dans une formation à Hyderabad le 4 avril 2004, le ZIC est comparé au général, le PIC à un "field commander" :
"Strategy formulation. The zone-in-charge is like a General, in charge of a territory. He has to evolve a strategy for effective penetration of his territory. He has to communicate this strategy to all the centres-in-charge, and convince them of its efficacy. He has to evolve a tactical plan to make this work (…) Tactical plan. The zone-in-charge has to plan where and how to grow the Mission. He has to device the means to achieve this growth. He has to train the functionaries in his zone to undertake this task. He has to monitor this activity and make corrections where necessary. He has to conduct annual reviews of this plan, and send a progress report to Chennai".
Plus récemment, sont venus s’ajouter des développeurs chargés tout particulièrement de développer les petits centres, en parallèle au travail des zone-in-charge.
A titre d’exemple, l’organisation française en 2006 est la suivante : 1 100 adeptes cotisants, 97 précepteurs et 43 centres regroupés en 6 zones géographiques, avec un ZIC et un développeur pour chacune. La France est elle-même intégrée dans une plus grande zone appelée "Espace francophone, Espagne et Iles britanniques", intégrée dans la région "Europe".
Précepteur, administrateur de zone ou de région, chacun à son niveau doit promouvoir la croissance de la Mission et remettre un rapport mensuel au niveau hiérarchique immédiatement supérieur ainsi qu’à Chari en personne. Doivent figurer le nombre de méditations réalisées et surtout le nombre d'introduction de nouveaux adeptes. Le flicage est permanent…
Instrumentalisation des égos
Il suffit qu’il n’y ait personne dans un pays ou une région du monde pour que le premier adepte venu soit aussitôt nommé précepteur. Rajagopalachari fait et défait les précepteurs au gré de ses besoins, allant jusqu’à les nommer par téléphone.
L’exemple de Michael, nommé précepteur aux Etats-Unis est éclairant. A Shahjahanpur en 1983, il est utilisé comme porte parole du clan de Chari auprès des autorités, face au clan d’Umesh Chandra, fils de Babuji. Retourné aux Etats-Unis, Chari le récompense en le nommant au sein du comité de publication nord-américain. En 1988, suite à des querelles entre responsables, Chari le nomme opportunément précepteur par un simple courrier. Pris à parti par le secrétaire de zone, Chari le démet tout aussi simplement, lui promettant qu’il retrouvera bientôt sa fonction (voir 5ème partie du témoignage de Michael) …
Sous l’influence de Chari, le profil des précepteurs a complètement changé. L’opportunisme et l’arrivisme ont remplacé les qualités spirituelles dans les critères de recrutement. Résultat : les querelles de pouvoir ont totalement remplacé la spiritualité.
« [Babuji] a dit : "Là où j’ai plus d’un précepteur, j’ai créé des problèmes pour ce centre". Car il y a deux groupes de pouvoir, il y a les problèmes d’ego, les luttes d’ego, les querelles d’ego, et parfois les centres se sont scindés en deux, en trois.(…) Il y a ici beaucoup de précepteurs qui ont insisté pour que les abhyasis tombent à leurs pieds — pour leur perte, leur perte personnelle. » (Discours de Chari du 10 mars 2008, au CREST de Bangalore, Inde). Voici aussi ce qu'il disait dans "He, the Hookah and I" (Discipline 17) : « (…) A moins que les précepteurs ne surmontent ces tentations afin d’obtenir de l’avancement en marchant sur le cadavre de quelqu’un qu’ils ont détruit - la Mission ne pourra pas survivre, et elle ne sera qu’un nom sur quelques bâtiments vides. »
Culpabilisation, quand la vie devient un enfer
Le rôle des précepteurs assigné par Chari est de faire du prosélytisme, de jouer les rabatteurs et d’enrôler à tour de bras. Il sera toujours temps plus tard de s’occuper du développement spirituel des nouveaux arrivants.
Les précepteurs doivent donc faire du chiffre, toujours plus de chiffre, rien que du chiffre. Pour ce faire, Rajagopalachari n’hésite pas à jouer de leurs sentiments, déclarant qu’ils n’en font pas assez pour mériter son affection. Il les culpabilise pour leur manque de résultats et les fait sombrer dans l'angoisse de lui déplaire. Un mal-être permanent qu'il entretient soigneusement.
Dans un discours aux précepteurs danois, le 19 septembre 1998, Rajagopalachari leur dit : "Pour l'amour du ciel, réveillez-vous et mettez-vous au travail ! ". Dans un discours aux précepteurs américains, le 10 août 2000, "The divine plan can only be realised by human effort (...) In 1972 I travelled with Babuji to the US. After three weeks there were 76 abhyasis but until 1984 it was arround the same number. What does this show ? Nobody worked (...). Only work produces results, God works only through human beings".
Un précepteur anglais rapporte son expérience et ses sentiments suite à un Séminaire de formation à Manchester les 12 et 13 mars 1999 (Natural Way, automne 2000) : "We watched Chariji's speech to preceptors in India, 01 October 1996 on video. Chariji said preceptors don't work enough. By not working we are really insulting Babuji and his plans. We were sad after the video".
Même chose en Inde où Rajagopalachari, dans un discours à l'ashram de Mysore (Karnataka, Inde), le 16 février 2004, exhorte ses adeptes à se réveiller : "(…) Karnataka has been very slow in developing in Sahaj Marg (…) there is too much tendency to stay at home and wait for everything to come to our house (…) I know many houses where the father is the abhyasi, not the wife, not children, and for twenty years they don't change. If a man cannot influence his own wife to start Sahaj Marg, who else is he going to influence? I know wives are very difficult to manage, but that is female nature, you see, and we are here to change nature by starting with our own family first (…) So, people of Karnataka, please awake". Même chose à Bangalore le 26 septembre suivant : "(…) Karnataka is a big state. Why is it not growing ? (…) But no growth (…) Karnataka is a sleepy state (…) If you sleep, you have to be woken up".
Lors d'un meeting des précepteurs à Chennai le 17 juillet 2004, Rajagopalachari montre qu’il est bien conscient de la pression qu’il leur fait subir, mais c’est encore de leur faute à eux : " (…) we were talking (…) about preceptors, their responsibilities, their work or lack of it (…) I receive letters from abhyasis, from preceptors, and they tend to dramatise this business of being a preceptor out of all proportion to what it really involves in our life. Either they suffer from guilt because they don't do the work that is assigned to them that goes with being a preceptor (…).and sometimes they are also angry, annoyed, desperate (…)".
Puis de nouveau, Rajagopalachari déclare dans un message adressé aux adeptes des Etats-Unis le 11 octobre 2009 : "(...) the Mission in the U.S. had gone into some sort of — I won’t say coma, but a partial sort of sleep mode."
Premier dauphin de Chari, Ajay Kumar Bhatter prend la relève : "Après tant d’années et tant de visites du Maître, le nombre d’abhyasis est décevant en Europe." (Extrait d'une circulaire aux précepteurs français, en date du 17 juin 2008).
Au lieu de vivre dans la sérénité qui lui était promise, le précepteur sombre dans l'angoisse de déplaire au Maître, de ne jamais en faire suffisamment pour mériter son affection. Un mal-être permanent soigneusement entretenu par Chari...
Liens :
- Le Sahaj marg, un produit spirituel standardisé
- Chari et l'industrialisation d'une spiritualité
- Témoignage de Michael
- Importance & Multinationale (à venir)
Obéir & servir
Morceaux d'anthologie sur l'Obéissance - Salient Features N° 4
"(…) le meilleur disciple est celui qui est le plus obéissant. (…) Au Sahaj Marg, sans obéissance, rien ne peut être obtenu, absolument rien. (…) C’est ma conviction, confirmée par mon expérience personnelle avec le Maître pendant plus de 20 ans, après beaucoup d’analyses et de réflexion. Aussi voyez-vous, le succès n’est pas du à l’éducation, ni à l’application, ni à la pratique, c’est seulement l’obéissance qui finalement, aujourd’hui reste dans mon esprit, comme le premier et seul facteur de notre développement spirituel.(…) Donc, si quelque chose garantira le succès total dans la vie spirituelle, c’est l’obéissance, parce que l’obéissance signifie que nous ne pensons pas à ce qu’il nous demande de faire, nous le faisons.(…) Aussi l’obéissance signifie faire quand Il dit, « fais », s’arrêter quand Il dit, « stop ». Je connais certaines personnes à qui il a dit, « maintenant vous devez faire cela ». Ils ont dit, « Non, mais la dernière fois vous m’avez dit autre choses ». Pourquoi non ? Le Guru a le droit de changer ses instructions. Si vous L’acceptez comme le But, et si vous L’acceptez comme un Maître de votre Soi, n’a-t-il pas le droit de changer ses instructions pour votre bénéfice ? (…). L’obéissance signifie une obéissance juste, explicite. (…) L’obéissance doit être totale. (…) Si un homme est obéissant, son but est déjà en vue. Aussi, la spiritualité devient une façon de vivre, dans laquelle la pratique est entreprise par soucis d’obéissance au Maître. (…) Comme Babuji l’a dit, « nous devons avoir trois choses : le satsangh avec le Maître, l’obéissance au Maître, l’amour pour le Maître ». Aussi, chaque fois que nous parlons de progrès, nous devons commencer avec la pratique, pour aucune autre raison que l’obéissance au Maître. Il l’a dit, donc je dois le faire. Et il n’est pas suffisant de simplement pratiquer. Je pratique à cause de mon obéissance au Maître. (…) En obéissant et en suivant l’instruction du Maître, pas seulement dans la sadhana spirituelle mais aussi dans tous les aspects de la vie, on en vient à réaliser que le Maître n’est pas seulement le Maître de la vie spirituelle, mais un Maître infiltrant tout avec un droit sur l’ensemble des fonctions humaines de quelqu’un. Le développement de cette attitude renforce l’attachement au Maître et commence à développer chez le disciple un sentiment de totale dépendance au Maître. (…) L’obéissance totale est ce qui est exigé à celui qui choisit ou qui souhaite être parfait. Ce qui signifie que la perfection marche de pair avec l’obéissance. La perfection, dans l’état parfait, correspond avec l’obéissance ultime. (…) si vous réfléchissez à ce que le Maître dit, vous êtes déjà sur le chemin de la destruction. Vous ne devez pas penser, parce que si vous pensez, vous placez votre processus mental à l’opposé du Sien.(…) Il ne m’appartient pas de penser, seulement d’obéir. (…) J’ai réfléchi à l’importance de la seconde ligne de notre prière. Nos désirs font obstacles à notre avancement. J’en suis venu à la conclusion que ce que nous devons réellement faire quand nous allons vers le Maître, est d’arrêter les désirs et de rendre nôtre Ses désirs. Ainsi, je vous offre une nouvelle définition de l’obéissance. Substituez vos souhaits aux Siens, et alors ce problème de faire obstacle à notre avancement ne peut se produire, parce que Ses souhaits sont pour nous. (...) Là où il n’y a pas d’obéissance, il ne peut jamais y avoir de foi. (…) Je vois d’une manière croissante des abhyasis concernés par leur propre indépendance de pensée, indépendance de croyance. Faites attention à de telles libertés car elles sont illusoires. Faites attention à toute liberté, parce que la liberté est un concept illusoire. Elle n’existe pas. Il n’y a qu’une liberté, c’est celle d’obéir au Maître. (…) Quand nous sommes avec le Maître, nous ne devrions pas avoir de désirs – pas même pour un sitting, pas même pour un conseil, pas même pour des questions et réponses, rien ! Nous devrions être comme le chien qui est simplement heureux d’être aux pieds du maître et de regarder son visage! Babuji, lui-même, utilisait l’exemple du chien. Donc, ne pensez pas que je vous insulte. Babuji a toujours loué la dévotion d’un chien pour son maître. C’était l’une de ses plaisanteries permanente: si vous inversiez le mot « dog (chien) » vous obteniez le mot « God (Dieu) ». Voyez, il voulait une dévotion comme celle du chien en nous, une obéissance inconditionnelle. Maintenant je voudrais dire qu’il y a peu d’abhyasis qui ont la volonté d’obéir sans savoir pourquoi ils devraient obéir. Nous voulons savoir pourquoi nous devrions obéir, avant de devenir obéissant. Nous devons avoir l’attitude du chien, l’amour pour le Maître, la foi dans le Maître, l’obéissance au Maître. C’est ce qui est attendu qu’un abhyasi ait. Nous devons devenir comme nous étions le chien parfait devant lui. Il mange quand il lui donne sa nourriture. Le chien parfait mange seulement quand le maître le nourrit. Si un étranger vient et lui donne quelque chose, il ne le prendra pas. Si le Maître dit, « assis », et s’en va, trois jours après il doit encore être assis là. Quand il lui dit, « vient », il va avec lui. Il ne demande pas, « Où allez-vous ? Pourquoi y allez-vous ? Quand rentrerons-nous à la maison ? » (…) L’obéissance signifie le service du Maître. La manière de servir signifie la manière d’obéir. Je ne peux pas choisir de quelle manière je servirai mon Maître. Je le servirai de la manière qu’Il dit. (…) le Maître ne vous force pas à obéir, mais Il attend de vous que vous obéissiez et si vous n’obéissez pas, votre progrès va en souffrir. C’est seulement dans le champ de la spiritualité que l’obéissance donne un bénéfice total. (…) Dans le champ de la spiritualité, l’obéissance donne des résultats positifs, des bénéfices positifs. Aussi je recommande l’obéissance comme un début. Et essayez de commencer avec les dix maximes, n’importe laquelle, cela importe peu. Il n’est pas nécessaire de commencer avec la première, et puis la deuxième. Commencez n’importe où. Dans l’obéissance, la chose la plus importante à se souvenir est : ne pensez pas, commencez à faire. (…) Qui sommes-nous pour juger ce que le Maître veut, pourquoi Il le veut ? Les abhyasis qui prétendent être dévoués doivent réaliser que l’obéissance est le premier signe de la dévotion et là où l’obéissance fait défaut, la dévotion ne peut être là. Et là où il n’y a pas de dévotion, je ne pense pas qu’il y ait aucune grande chance ou énorme occasion de s’élever vers des hauteurs spirituelles. Cela devient le devoir des précepteurs d’expliquer aux abhyasis que, sans obéissance aux directives du Maître, la spiritualité devient quelque chose qui ne peut être pratiquée par de telles personnes. L’amitié ne devrait pas interférer pour un précepteur faisant son devoir envers un abhyasi. Là où l’amitié interfère avec la croissance spirituelle, alors une telle amitié doit être sacrifiée dans l’intérêt de son propre développement. (…) L’obéissance est une parfaite discipline dirigée vers la perfection de nous-mêmes. Celui qui obéit parfaitement est la personne parfaite. L’obéissance, au début, est une chose très difficile parce que cela signifie la servilité, la soumission de notre ego à une personne supérieure. Par conséquent, l’ego se rebelle. La désobéissance découle toujours d’une rébellion de l’ego. Mais les gens oublient que, vous êtes obéissant, vous n’avez plus de responsabilité pour ce que vous faites, ou ne faites pas, sous son commandement. (…) Aime Le, suis Le, obéis Lui. Les trois actions sont corrélées. Nous ne suivrons pas quelqu’un que nous ne pouvons pas aimé. Nous pouvons obéir aux gens qui nous forcent à obéir, mais il y a toujours une rébellion intérieure. (…) Mais dans une obéissance orientée amour, il n’y a pas de rébellion, il n’y a pas d’angoisse, il n’y a pas de soumission de l’ego parce que nous le lui avons transféré et lui avons dit, « Ceci est vôtre. Gardez le ». Aussi voyez-vous, d’un seul coup, L’aimer, Lui obéir, Le suivre, notre responsabilité n’existe plus envers personne. Il veille sur nous comme Il veille sur chacun. Donc en exprimant notre humanité limitée, nos limitations à aimer, à obéir, à suivre, à accomplir, nos limitations de capacités, c’est une voie simple par excellence. Aimez Le, obéissez Lui, suivez Le et soyez acquitté de tout de reste. (…) Je pense que l’obéissance au Maître montre réellement que nous sommes très raisonnable et que nous aimons aussi le Maître. Maintenant nous sommes seulement raisonnables, mais je suis toujours enclin à comparer l’obéissance et l’amour. Et un amour croissant doit être reflété dans une obéissance croissante. Et quand ceci est absolu, l’obéissance doit être absolue. (…) Pour moi, c’est une relation directe : obéissance-amour ; plus d’obéissance, plus d’amour ; la plus haute obéissance, le plus haut amour. (…) l’obéissance est la première loi de la spiritualité. Je la place au dessus de l’amour parce que la véritable obéissance ne vient qu’avec l’amour. (…) Il n’est pas facile d’aimer, mais il est facile d’obéir. Et c’est mon expérience que, si vous obéissez, simplement et continuez encore et encore, c’est plus facile que d’essayer d’aimer quelqu’un. (…) Et quand nous l’aimons absolument, nous lui obéissons absolument. Aussi un indicateur sûr de votre amour pour le Maître est le degré de votre obéissance, il doit y avoir un amour absolu derrière elle. Avec l’amour absolu, il y a dépendance absolue. Avec la dépendance absolue, il y a abandon absolu. (…) L’obéissance mène à l’abandon. (…) Maintenant, il y aura beaucoup de gens qui compareront l’obéissance à la perte de liberté. Cela ne signifie rien de cela. Je ne peux obéir que si je suis libre d’obéir. Donc, seul un homme libre obéit. Celui qui est un esclave n’obéit pas. Il exécute seulement. L’obéissance signifie que je suis libre d’obéir de par ma volonté libre, par amour pour le Maître, quoi que ce soit et tout ce qu’il me dit de faire. Aussi l’obéissance est un signe de liberté. (…) Quand une personne s’abandonne à un Maître, cela signifie qu’elle s’est abandonnée complètement de toutes les manières. Il est devenu simplement un instrument dans les mains du Maître. (…) Aussi en étant obéissant au Maître, nous sommes capables de travailler pour Lui. Si vous êtes complètement obéissant, vous êtes totalement comme le Maître. Et cela Lui apporte quelque chose qu’Il n’a jamais eu dans Sa vie – le bonheur, comme chaque père, voyez-vous. Quand nous l’acceptons et Lui obéissons et travaillons pour Lui, et devenons comme Lui, Il est heureux. Ainsi l’obéissance, l’amour, l’abandon, ils sont les trois faces de la même chose. (…)"
Extraits publiés initialement par Elodie http://pourquevivelesahajmarg.blogspot.fr/2009/02/morceaux-danthologie.html
Liens :
- Le Sahaj marg, un produit spirituel standardisé
- Chari et l'industrialisation d'une spiritualité
Whispers, la Nouvelle Bible du Sahaj marg
Coup de théâtre en 2005, Chari et sa médium lancent la Nouvelle Bible du Sahaj marg, à grand renfort d’effets publicitaires et commerciaux. Dans "Whispers from the Brighter world", un Babuji d’outre-tombe nous délivre un message quasi-religieux de promesse d’apocalypse, avec apparition d’une nouvelle race pour sauver le monde…
Le Sahaj marg se dote d’une idéologie de fin du monde ! Un thème très à la mode en ces temps difficiles…
I have not come here to ask for money
Ainsi le 30 mars 2005, Rajagopalachari annonce la sortie prochaine d'un livre dont personne ne sait rien. Il n'est pas encore imprimé, son titre, ses auteurs et son contenu sont inconnus. Et pour se procurer ce livre, il faut faire une donation de 250 € "basée sur la confiance" (300 € pour la version française), parce qu'après le 15 avril, il sera trop tard "even if you come with a lakh rupees". Vaste opération commerciale de Rajagopalachari qui s'en défend : "For once in your life, you have a 'book future'. And your future is linked to this book. I will not mention this again because I have not come here to ask for money. (…) Knowledge is unnecessary, so long as you have faith. Because if you didn't have trust me, you wouldn't buy that book"
En clair, il sera impossible de se procurer ce Livre après le 15 avril 2005. Mais on a rarement vu un livre atteindre un tel prix ! Des abhyasis envisagent de se regrouper pour l’acheter, de manière à avoir un exemplaire par centre de méditation. Mais Chari précise alors que ce Livre est personnel. Sa lecture est interdite dans les centres de méditation et les ashrams, sa traduction en français aussi…
Frank Waaldijk, adepte du Sahaj Marg depuis 1993 et zone-in-charge aux Pays-Bas, raconte qu'il s'est ému du prix de "Whispers" et qu'il a proposé de le vendre aux plus riches pour qu'ils le redistribuent ensuite dans les centres. Mais on lui a répondu qu'il n'aurait jamais du dire une telle chose. Immédiatement ostracisé, il finit par quitter la Mission.
Rebelote depuis Satkhol le 2 février 2009, Chari annonce la sortie d’un second volume de "Whispers" à paraître le 30 avril. La date limite de la souscription est fixée au 25 février. Un troisième volume paraîtra en 2010 et un quatrième en 2011, peut-être même un cinquième en 2012. "Il n’a pas été fixé de prix pour ce livre inestimable contenant les Messages, mais il sera réservé à tous les abhyasis d’Europe qui feront une donation de 250 €".
Relance commerciale juste avant le satsangh du dimanche 1er mars à Manapakkam :
"(…) Don’t look at what you have to pay for it. Even today I am told that [with] gold costing fifteen hundred rupees a gram, people are buying gold. It is just a metal. If you don’t know where it is, it’s lost, the value is gone. If tomorrow gold falls to five hundred rupees a gram, you have lost money. Whereas what you are going to get is the Bible of Sahaj Marg, the Vedas of Sahaj Marg, the shruti.
I would request you not to hesitate, but to acquire a copy before you leave this hall, before you leave this ashram. And pass this message on to all your brothers and sisters, because they will not be reprinted within the next fifty years — not any of them. Volume One will not be reprinted. Volume Two will not be reprinted — there will be only one edition. And if my successor feels that it is necessary, may be sometime in 2030, 2035, you may see a second edition. This is my decision, so don’t look for a second edition. It will not come. This is policy. This is an instruction to my successor, Ajay Bhatter, that there shall be no reprint of this book before the year 2030.
So please acquire it and don’t depend on the computer to read it everyday, because Volume Two will not be released on the internet till I say it should be done. (…) "
2012 : Chari & le SHPT s'apprêtent à sortir le 4ème volume de Whispers, prévu pour le 30 avril, date anniversaire de la naissance de Babuji. 80 euros ou 100 dollars US ou 3000 roupies indiennes. Rappelez vous le 1er prix du 1er volume : 300 euros ! Quelle déflation... Quelle culbute aussi ! Ils nous disaient que ça leur coûtait cher, mais en fait ils s'en mettaient au moins 220 euros de côté pour chaque exemplaire vendu... et sans doute encore un peu plus puisqu'il n'y a pas de raison de croire qu'ils revendent le 4ème à prix coûtant ou bien à perte.
Bible, Vedas ou shruti du Sahaj marg
Au fil du temps, on en a appris un peu plus sur ce fameux livre. A partir de 1999, un Babuji décédé en 1983 s’est mis à adresser des messages depuis le Monde lumineux à une médium française anonyme. Des messages à destination de la médium, des abhyasis ou de Chari. Parce que Chari est incapable de les recevoir lui-même…
Les 10 commandements de Babuji ont été relégués il y a longtemps au rang de simples maximes. Voici maintenant la Bible du Sahaj marg. Que dit-elle ?
L’homme a perdu la raison. Attention, le châtiment arrive ! Tous les ingrédients de l’apocalypse sont présents. Whispers hésite entre catastrophe nucléaire et dérèglement climatique, entre châtiment divin et responsabilité humaine. Le Nouveau monde sera dominé par une nouvelle race, une élite d’âmes qui va régénérer l’humanité. La SRCM est un Club réservé à cette élite, où il y a beaucoup d’appelés mais peu d’élus ! Sans compter le rôle des extraterrestres…
Liens :
Whispers : décryptage
- L'homme court à sa perte, il devra payer...
- Cataclysmes ou Apocalypse ?
- La solution : une nouvelle race
- Que sera demain ?
- Entre urgence & éternité, …
- Un message que vous ne pouvez pas comprendre
Débat sur le blog d'Elodie
Témoignages : Frank, Elodie, Christian, …Spiritualité : le Sahaj marg est un concept terriblement évolutif
L’enseignement du Sahaj marg proviendrait de la synthèse réalisée par Lalaji entre soufisme et santmat. Son principe repose sur la recherche de la fusion avec le divin (layavastha), grâce à la transmission (pranahuti) qui est favorisée par un maître spirituel. Une spécificité exclusive du Sahaj marg…
En savoir plus [L’enseignement de Lalaji, entre soufisme et santmat]
Babuji aurait reçu cet enseignement de Lalaji après sa mort, mais il a passé le reste de sa vie à en renier l’héritage soufi. Ses disciples, quant à eux, disent que Babuji a inventé ex-nihilo cette soi-disant méthode simplifiée du raja-yoga.
En savoir plus [Le Sahaj Marga, un raffinement du raja-yoga]
Chari et ses adeptes ont transformé considérablement le Sahaj marg. Pour mieux bénéficier de la transmission du maître, les abhyasis occidentaux se sont disputé ses faveurs. Ils l’ont adoré et vénéré comme une idole. Grisé, Chari a réclamé [Obéissance et Service] en lieu et place de l’amour et de l’abandon au maître. Ensemble, maître et disciples ont créé un culte de la personnalité.
Du moment que le Dieu incarné par le maître vous regarde, l’objectif initial de fusion dans le divin recule, l’expérience du bien-être apportée par la méditation le remplace. Le regard du maître et une technique de gestion du stress suffisent au bonheur des adeptes.
Le produit spirituel est standardisé, sa marque est déposée…
En savoir plus [Le Sahaj marg™, un produit spirituel standardisé]
Coup de théâtre en 2005, Chari et sa médium lancent la Nouvelle Bible du Sahaj marg, à grand renfort d’effets publicitaires et commerciaux. Dans "Whispers from the Brighter world", un Babuji d’outre-tombe nous délivre un message quasi-religieux de promesse d’apocalypse, avec apparition d’une nouvelle race pour sauver le monde…
Après le gourou et la méditation, le Sahaj marg se dote d’une idéologie de fin du monde ! Un thème très à la mode en ces temps difficiles…
En savoir plus [Whispers, une nouvelle Bible]
Spiritualité - [SPIRITUALITE, un concept terriblement évolutif] - [L’enseignement de Lalaji, entre soufisme et santmat] - [Le Sahaj Marga, un raffinement du raja-yoga] - [Le Sahaj marg™, un produit spirituel standardisé] - [Obéir et servir] - [Whispers, une nouvelle Bible] - [HeartFulness Meditation]
Le Sahaj marg™, un produit spirituel standardisé
Chari et ses adeptes ont transformé considérablement le Sahaj marg. Autour de Chari, ses adeptes ont créé un véritable culte de la personnalité. Chari s’est donc emparé d’une place qui n’existait pas, celle de Maître vivant. Une concurrence sauvage s’est installée entre les abhyasis pour gagner ses faveurs. Du moment que le Dieu incarné par le maître vous regarde, le divin recule au profit du maître, l’objectif initial de fusion cède le pas à l’expérience du bien-être apportée par la méditation qui le remplace. Le regard du maître et une technique de gestion du stress suffisent au bonheur des adeptes. Le produit spirituel est standardisé, sa marque est déposée…
Le Maître vivant remplace la fusion avec le divinExtrait du blog d’Elodie : « (…) Alors que le Sahaj Marg est synonyme de "chemin naturel", c'est en fait une pratique qui triche avec la nature en utilisant la force de la volonté pour accélérer un développement naturel. Il est basé sur l'acceptation que l'on commence à partir d'un niveau d'insuffisance spirituelle, ce qui nécessite une force extérieure pour rectifier la situation.
Le message de Babuji c’est que nous ne sommes pas assez développés spirituellement et qu’il y a urgence à le faire, la réalisation divine devenant complète lorsque l’on atteint la Région centrale, un Monde plus lumineux.
La méthode du Sahaj Marg permet d’atteindre cet objectif grâce à la méditation sur le cœur, mais elle nécessite un Maître vivant pour être accélérée, qui va favoriser la transmission spirituelle. C’est le premier point crucial, la dépendance vis-à-vis d’un maître mais il y en a un autre, c’est l’exclusivité de la méthode du Sahaj Marg, ce qui va entraîner de servir la Mission.
Double dépendance aveugle et totale du disciple qui veut progresser au Maître et à la Mission.
Babuji nous a instillé l’idée que nous sommes des nains spirituels, qu’il est urgent de progresser et qu’il a une méthode qui permet d’atteindre en une vie ordinaire la fusion avec le divin dans la Région centrale. Si nous, aspirants spirituels, voulons progresser spirituellement, il nous faut un Maître tout puissant et une méthode incarnée par la Mission SRCM.
Résultat, les abhyasis se bousculent pour obtenir les faveurs spirituelles du Maître, dans l’espoir d’obtenir un progrès en retour, leur juste récompense. L’objectif de l’aspirant spirituel devient donc le service aveugle pour la Mission, l’obéissance totale au Maître pour obtenir ses faveurs. En théorie, l’action du disciple est désintéressée, en pratique c’est l’inverse : elle est terriblement intéressée, il cherche une récompense spirituelle.
Comme l’aspirant spirituel n’est pas seul, il lui faut surpasser ses co-disciples, ses concurrents, pour mieux attirer l’attention du Maître et mieux profiter de lui, en bénéficiant de ses faveurs.
L’urgence du résultat à atteindre, la nécessité de passer par un Maître pour y parvenir, créent une atmosphère de compétition où l’on se dispute son attention. C’est une concurrence sauvage et égoïste.
L’autre résultat, c’est qu’en théorie il y a transmission spirituelle du Maître au disciple, mais en réalité il n’y a qu’un seul transfert : celui du pouvoir du disciple au Maître, unique bénéficiaire de cette vaste fraude spiritualiste. (…) »
Du spirituel au religieux, une marque déposée et standardiséeRajagopalachari ne retient que la légende des trois maîtres et passe sous silence toutes les racines antérieures du Sahaj Marg, pour affirmer le caractère exclusif de cette technique de méditation centrée sur le cœur. Lalaji a inventé ex-nihilo le Sahaj Marg, son successeur Babuji l'a perfectionné et Rajagopalachari lui a succédé en tant que dernier maître vivant, tout cela en droite ligne de transmission. La transmission de l'énergie divine par le maître vers le coeur de l'adepte est érigée en spécificité unique au monde, malgré ses origines ancestrales. On est passé du chemin facile d'accès (easy way) à un étroit passage délicat (natural path) dont l'accès est réservé à une élite.
Ce n'est plus rien d'autre que le produit de l'interaction entre Rajagopalachari et ses adeptes, entre l'abandon total au maître qu'il réclame et le culte de la personnalité que ses adeptes érigent. Totalement déculturé, juste légèrement imprégné de ce qu'il faut d'indianité et d'ésotérisme pour séduire des Occidentaux en mal d'un exotisme oriental érigé en graal spirituel, la technique du Sahaj Marg™ peut maintenant se répandre sans freins sur la planète entière.
C’est devenu une méthode de méditation adaptée et simplifiée du raja yoga dans les mains de Babuji. Grisé par son pouvoir sur les hommes, Rajagopalachari l'a totalement déculturée et vidée de son sens pour la recentrer sur le maître tout puissant à qui l'on doit obéissance. Ses adeptes ont achevé le travail en érigeant un véritable culte autour de sa personnalité où le Sahaj Marg devient un simple outil de développement personnel, une technique du bien-être, une marque déposée "Sahaj Marg™" comme il en existe tant d'autres.
A défaut d’avoir été officiellement nommé successeur de Babuji, Chari s’est emparé du mot Sahaj marg et en a déposé la marque au registre du commerce de plusieurs pays.
« Chari a un Dieu, c’est Babuji. Le Sahaj Marg a un pape, c’est Chari. Il a ses prêtres, ce sont les précepteurs. La SRCM a des temples, ce sont les ashrams. Le Sahaj Marg a un culte, c’est la sadhana et ses abhyas quotidiens (prière, cleaning et méditation, etc.). Il a un dogme, l’obéissance au maître et le service de la Mission. »
Liens :- Chari, ou l’industrialisation d’une spiritualité à l’Occidentale
- Le Sahaj marg, un concept terriblement évolutif
- Obéir & servir
Le Sahaj Marga, un raffinement du raja yoga
L’enseignement spirituel de Babuji
Selon la légende, Lalaji, le soufi proche du santmat, a prié pendant 7 mois pour la venue sur terre d’une Personnalité spéciale. A la naissance de Babuji en 1899, alors qu’il n’a encore que 6 jours, Lalaji le repère dans une vision, comprend qu’il est capable d’absorber la transmission, preuve qu’il vient de l’Ultime. Il s’immerge alors dans Babuji et commence à vivre en lui pour le protéger.
Babuji rencontre son Lalaji le 3 juin 1922, puis il le voit à nouveau 2 fois en tout et pour tout car ses parents s’opposent à ce qu’il côtoie des musulmans. Son précepteur à Shahjahanpur est Madan Mohan Lal. Le 9/12/1930, Lalaji dit de lui : “… Because of your transfer from Shahjahanpur, there is a likelihood of the function being spoiled. So on my own behalf and on that of my elders, I invite the attention of Br. Pandit Rameshwar Prasad to agree to take up this work in hand during your absence. May God give him courage and perseverance. That dear one will, perhaps, establish a condition of honor after casting off that small portion of boyhood, which is very negligible in him now, due to the demands of his age. God may help him. Brother Ram Chandra undoubtedly has ability and agility in this respect, but I am sorry that due to restrictions of his father, narrowness of heart and space, and intricacies of his home, my sagacity did not permit me for the time being to throw the responsibility on him. …”
Au moment de la mort de Lalaji en 1931, son âme s’immerge dans l’esprit de Babuji. Celui-ci fréquente ensuite le Ramashram satsang du Docteur Chaturbhuj à Etah et celui de Shri Krishna Lal à Sikandrabad. Il rêve aussi qu'il se rend à Kanpur, siège de la famille de Raghubal Dayal Chachaji, le frère de Lalaji et père de Brij Mohan Lal Dadaji.
En 1944-45, Lalaji et Swami Vivekananda parlent à Babuji dans des intercommunications. Ils lui dictent le contenu de l’enseignement spirituel du Sahaj Marga (easy way ou voie facile) et lui ordonnent de fonder la SRCM.
Commence alors un recentrage de son enseignement autour du raja yoga et d’un Lalaji débarassé de ses influences soufies et santmat. Ce qui transparaît dès 1947 dans son livre "Efficacy of Rajayoga in the Light of Sahaj Marg". Plus tard, en 1963, il exprime même l'opinion que le Sahaj Marga a remplacé les différentes confréries soufies qui lui semblent dépassées.
Le but du Sahaj Marga, c’est la fusion avec le divin, atteindre l’unité avec Dieu dans la Région centrale, un Monde lumineux. Raffinement du raja-yoga, l'enseignement spirituel du Sahaj Marga élimine les longues étapes préliminaires à la méditation grâce à l’aide prépondérante du Maître, le rendant ainsi plus facile et praticable pour notre époque. Le rôle du Maître, cette Personnalité spéciale nommée Babuji, devient crucial dans cette méthode. Les dix commandements édictés par Lalaji à Babuji imposent aux disciples d'avoir un coeur empli d'amour et de dévotion, ce qui nécessite de leur part un long travail sur leur caractère.
Babuji débute son enseignement spirituel dans l'Uttar Pradesh, où il s'allie Kasturi Chaturvedi qu'il déclare bientôt "sainte du Sahaj Marga". Mais sa notoriété déborde rapidement du nord de l'Inde et se propage à l'ensemble du pays. Des hommes du sud le rejoignent, tels Ragavendra Rao au sud-ouest (Raichur, Karnataka), le Docteur KC Varadachari au sud-est (Tirupati, Andhra Pradesh), puis Parthasarathi Rajagopalachari plus au sud encore (Chennai, Tamil Nadu).
La rencontre entre Babuji et le Docteur Varadachari se transforme vite en une profonde amitié. Titulaire de la célèbre Chaire de Vivekananda à l'Université de Madras, ce professeur de philosophie crée le Sahaj Marg Research Institute en 1965 et contribue ainsi largement à la diffusion du Sahaj Marga auprès du grand public.
Babuji nomme des précepteurs, chargés de servir de canal de transmission entre lui et ses disciples. A la fin des années soixante, certains d'entre eux partent à l'étranger et commencent à diffuser le Sahaj Marga. Babuji effectue son premier voyage en Occident en 1972, accompagné de Parthasarathi Rajagopalachari. Et la Shri Ram Chandra Mission s'agrandit. Le Docteur Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement dues à son expansion dès 1970, mais il décède l'année suivante.
En 1974, il nomme Chari pour lui succéder à la tête de la SRCM. Mais en 1982, il nomme son propre fils Umesh, et accuse Chari d’avoir comploté contre lui. Tout est en place pour que sa succession soit difficile…
Liens :
- Babuji, ou la naissance d’un mythe
- Babuji, une Personnalité TRES Spéciale
- Une succession bien peu spirituelle
- Le Sahaj marg, un concept terriblement évolutif
Ramashram Satsang
La plupart des disciples de Lalaji ont fondé et intégré le mouvement santmat des Ramashram Satsang. Il a plusieurs déclinaisons locales, toutes dans l’Uttar Pradesh :
- Etah puis Mathura, avec le Dr Chaturbhuj Sahai (3/11/1883-23/09/1957)
En 1919, Lalaji a chargé son disciple Chaturbhuj de diffuser son enseignement. En 1923, celui-ci crée un premier Ramashram Satsang à Etah. En 1951, il le déplace à Mathura. En 1957, il est remplacé par son fils aîné Brijendra Kumar (1919-1987) épaulé par sa mère Indira Devi "Jiya Maa" (1900-1985) ainsi qu’un disciple du Docteur, Pundit Mihilal (1901-1983). En 1987, son plus jeune frère, Narendra Kumar (1930-2002) lui succède, puis en 2002 c’est au tour de son autre frère, Hemendra Kumar (1922-2010).
Sources : www.Ramashram.com et http://ramashramsatsangmathura.blogspot.com/ ou www.ramashramsatsang.org/ (non actualisé)
- Sikandrabad, avec le Dr Krishna Lal Bhatnagar ou Tauji (15/10/1894-18/05/1970)
Initié par Lalaji en 1914 (bay’t), Krishna Lal aurait été le favori et le plus aimé de ses disciples (murad). En 1931, Lalaji l’aurait investi de tous ses pouvoirs spirituels, par autorisation écrite (ijaazat). En 1968, il donne l’autorisation d’enseigner à son fils aîné, le Dr Hari Krishan (1923-87), ainsi qu’à son plus vieux disciple, le Dr Kartar Singh (né le 13/06/1912), puis il nomme ce dernier à la tête du Ramashram.
Source : website http://spiritual-meditation.org/ depuis février 2008
- Gazhiabad, avec Shyam Lal Saxena Babuji (1/01/1901-29/12/1987)
Probablement le plus jeune disciple de Lalaji, Shyam Lal Saxena l’a rencontré en 1915 puis créé le Ramashram de Gazhiabad en juin 1963. Auparavant, il a travaillé au coude à coude avec Krishna Lalji, son camarade de classe au collège de médecine et frère spirituel, fondateur du Ramashram de Sikandrabad. De même que Sevti Prasad Mukhtar Ji (1/12/1899-30/08/1989), un autre frère spirituel.
Fils de Shyam Lal, le Dr Basant BK Saxena (né le 4/02/1938), a été initié en 1954, obtenu pleins pouvoirs de la part de Krishna Lal en 1968, confrmé par écrit par son père en 1974. Mais ce sont ses 2 fils aînés, les Drs RK Seth Saxena (3/07/1931-9/02/2002) et VK Dinnu Saxena, qui ont été nommés en 1981 pour co-diriger le mouvement.
Source : website www.shriramashram.org créé en octobre 2008
- Jaipur, avec Thakur Ram Singh (30/09/1899-14/01/1971)
Thakur Ram Singh (3/09/1998 ou 30/09/1899-14/01/1971), grand disciple de Lalaji, a aussi beaucoup fréquenté son neveu, Radha Mohan Lal. Le Ramashram Satsang Sansthan de Jaipur est un groupe qui a suivi son enseignement. Il est actuellement dirigé par son fils, Narayan Singh, qui a fait le choix d'utiliser la méthode du grand yogi Aurobindo. Le Dr Chandra Gupta (décédé le 17/08/1991) fut aussi un grand disciple de Thakur Ram Singh.
Sources : RK Gupta sur http://sufism.weebly.com/sufism-in-india.html
ou Arvind Jolly sur www.jollycreations.com/thakursahib.asp (amateur)
- Shyam Nagar, de Ram Singh Ranaji Saheb (15/09/1908-20/06/2010)
Décédé en 2010 à l’âge très respectable de 101 ans, Ram Singh Ranaji fut probablement le dernier contemporain de Lalaji. Au milieu des années soixante, il a fondé le Ramashram de Shyam Nagar, dans le district de Farrukhabad, conformément à la directive de son gourou, Shyam Bihari Lal "Babuji Maharaj" (19/07/1890-7/06/1959).
Source : http://ramashramsatsangshyamnagar.blogspot.com/
NB : Après la mort de Lalaji, Babuji a fréquenté les Ramashram Satsang de Mathura et Sikandrabad.
Enseignement
Dans les Ramashram satsang, le système de méditation est basé sur la transmission spirituelle (naveen sadhana). L’aspirant spirituel n’a aucun effort conscient à faire autre que méditer. Le gourou est seul responsable de l’élévation spirituelle de son disciple grâce à son propre pouvoir spirituel. « De son cœur va émaner le pouvoir divin sous forme de lumière jusqu’au cœur du disciple en y effaçant les impuretés ».
Liens :
- NaqshMuMra
- Autres mouvements
- Mouvements et disciples
- La famille de Lalaji
- Lalaji
L'enseignement spirituel de Lalaji
Une spiritualité entre soufisme naqshbandi et santmat hindouiste
Les soufis sont organisés en confréries (tarîqa : chemin, voie) conduites par un maître spirituel (chaykh, ou pîr en Inde), rattaché à une "chaîne" (silsilah) qui représente sa généalogie spirituelle depuis le prophète Mahomet. Les enseignements de Lalaji proviennent de la tarîqa naqshbandie dont il est le 35ème représentant après Mahomet.
- Bahâ’uddîn Shâh Naqshband (1318-1389), originaire du Turkestan, est à l’origine de la création de la confrérie de la Naqshbandiyya. Très influente, au travers de la "méditation silencieuse du cœur", elle a répandu son influence de la Turquie à l’Inde, en passant par le Caucase et l’Asie centrale.
- Baqi Billah (1515-1592) l'a introduite en Inde, préparant sa ramification en Naqshbandiyya Mujaddidiyya. La conquête de l'Inde par Bâbur, descendant de Gengis Khan et fondateur de la dynastie des Grands Moghols, a favorisé l'essor de cette tarîqa.
- Mirzâ Mazhar Jân-i Jânân "Zanzana" (1699 ou 1701-1781), grand poète mystique connu pour sa sympathie pour les hindous, crée une nouvelle ramification de l'ordre, la Mazahariyya, tentative de syncrétisme entre les 4 grandes confréries soufies indiennes (Suhrawardiyya, Chishtiyya, Qâdiriyya et Naqshbandiyya) et certains enseignements traditionnels hindouistes. Zanzana pensait que les avatars du dieu hindou Vishnu étaient des prophètes et que les Védas étaient une création divine. Son ordre s'est implanté durablement dans l'Uttar Pradesh, région nord de l'Inde.
- Mawlana Fazl Ahmad Khan dit "Hujur Maharaj" (1838 ou 1857-1907), né à Raipur dans le district de Farukhabad, enseigne indifféremment la spiritualité aux hindous, musulmans et chrétiens. Pour lui, les rituels religieux n’ont aucun lien avec la vie spirituelle. Il choisit un hindou non converti à l’Islam, Ram Chandra Lalaji, pour lui succéder.
La spécificité du soufisme indien est une sorte de syncrétisme entre Islam et Hindouisme. Le yoga semble avoir particulièrement influencé les soufis entrés en contact avec le mysticisme hindou. Considérés l’un et l’autre comme des renonçants, soufi et yogi remplissent les mêmes rôles : guide dans le parcours de la voie mystique et intercesseur entre Dieu et les croyants. Un parallèle existe aussi entre le fanâ (extinction soufie) et le nirvâna, même si les deux phénomènes ne sont pas identiques. Tous deux impliquent la disparition de l’individualité, mais le nirvâna signifie l'extinction de tout désir, tandis que le fanâ est accompagné de la baqâ, la vie éternelle en Dieu. Les saints musulmans remplacent les nombreux dieux des hindous et les croyances populaires hindoue et soufie se rejoignent autour des pèlerinages vers les sanctuaires et les dévotions effectuées sur les tombes des saints musulmans morts (mot persan dargâh).
La spécificité de la Naqshbandiyya réside principalement dans le dernier de ses onze principes, Wuqûf qalbî (conscience du cœur), qui prône la "méditation silencieuse du cœur", qui consiste à diriger son cœur vers la présence divine. Les naqshbandis sont aussi connus comme les "soufis silencieux", ils croient au dhikr (souvenir de Dieu) et au sohbat (rapport intime entre l'étudiant et le précepteur). Voie d'accès privilégiée à Dieu, le dhikr est en effet prescrit pour éviter les turbulences du cœur. Le but est le renoncement au monde, en vidant le coeur des préoccupations terrestres pour mieux approcher Dieu et parvenir à l'anéantissement (fanâ).
Hujur Maharaj aurait enseigné ces techniques à Lalaji en lui disant qu'elles venaient des hindous qui les avaient oubliées : "Come to me. I shall teach you spirituality. It belonged to hindus but they no more has it". Il proviendrait d'une pratique prônée par la Bhagavad Gītā, utilisant les enseignements de Patanjali, Kabir et du Guru Nanak Devji. Hujur aurait d’ailleurs assidûment fréquenté son contemporain Swami Brahmanand, l’un des pères spirituels du Santmat hindouiste, qui parlait de lui comme du gouverneur spirituel de Farrukhabad.
Le Santmat est né dans le Nord de l’Inde au XIIIème siècle autour des figures marquantes de Namdev et Ramananda. Il s’est développé au XVème dans la région de Bénarès avec la première génération des Sants, tels Kabir et Ravidas. Théologiquement, ils se distinguent par une double spécificité : la dévotion amoureuse à un principe divin sur le plan spirituel, ainsi que par un égalitarisme qui s’oppose directement aux castes indoues et à la différenciation entre hindous et musulmans sur le plan social. Selon certains, Baqi Billah aurait pratiqué et diffusé leur méthode, Lalaji serait le premier saint hindou des temps modernes à avoir ravivé cette ancienne méthode perdue. Selon d’autres, le mouvement des Radhsoamis serait le principal dépositaire de la tradition des Sants et de leurs enseignements.
L’enseignement de Lalaji
Lalaji a rencontré son maître Hujur Maharaj pour la première fois en 1891. Celui-ci l’a initié à son enseignement soufi le 23 janvier 1896, puis désigné comme son successeur à la tête de la lignée le 11 octobre 1896. Lalaji a pratiqué son enseignement spirituel jusqu'en 1931.
Cet enseignement repose sur la "méditation silencieuse du cœur", qui consiste à diriger son cœur vers la présence divine. L’aspirant spirituel n’a aucun effort conscient à faire autre que méditer. Le maître est seul responsable de l’élévation spirituelle de son disciple jusqu'aux plus hauts états (la région centrale) grâce à son propre pouvoir, la transmission spirituelle de cœur à cœur.
Il est accessible à tous, sans abandonner la vie familiale et en un court laps de temps, grâce au maître qui les accompagne.
Le message de Lalaji résumé en 8 points :
1.La prière est la nourriture de l'esprit humain
2.Sentir la présence (du Gourou ou de Dieu) à tout moment et dans toutes les situations constitue la véritable connaissance
3.Être heureux en toute situation est la quintessence du devoir des êtres humains
4.Ne blesser personne et maintenir son coeur à l'abri des désirs
5.Éviter la compagnie des non-croyants
6.Il n'y a aucune raison de poser. Notre objectif est que notre Gourou ou Dieu reste heureux et de vivre selon sa volonté
7.Lutter pour le service désintéressé pour l'espèce humaine et éviter de prendre l'aide d'autrui
8.Prier - Dieu, emplis moi de ta dévotion
Liens :
- Chaîne de généalogie spirituelle
- Lalaji
- Le Sahaj marg, un concept terriblement évolutif
Autres sources bibliograhiques :
sur le soufisme en Inde :
- R.K. Gupta : "Sufi saints and Sufism" - http://sufism.weebly.com/
Du même auteur : "Yogis in silence - the great sufi masters"
- Line Droel : "Le soufisme en Inde : la Chishtiyya et la Naqshbandiyya"
- Thomas Dähnhardt : "Change and Continuity in Indian Sufism" (A Naqshbandi-Myjaddidi Branch in the Hindu Environment) - 447 pages.
Islamic Heritage in Cross-Cultural Perspectives No. 3 - 2002 - ISBN : 8124601704 (Résumé)
- B.B. Basuk : "Lakshvedhi Genealogy", 1985 (3ème édition, en anglais), une chronologie généalogique des saints dans l’ordre des Naqshbandia Mujaddidia
- Marc Gaborieau : "Le soufisme et les confréries dans l’Inde contemporaine" Communication présentée au Colloque international Le rôle su Soufisme et des confréries musulmanes dans l’islam contemporain. Une alternative à l’islam politique? Turin, 20-21- 22 novembre 2002
http://www.scribd.com/doc/21976196/Le-soufisme-et-les-confreries-dans-l%E2%80%99Inde-contemporaine
sur Sant Mat :
- Kabir, "The ocean of love", les différents types de maîtres et leurs niveaux spirituels
- Les livres des maîtres de la Sant Mat, tels Kirpal Singh, Baba Sawan Singh ou Soamiji Maharaj