Le Sahaj marg™, un produit spirituel standardisé


Chari et ses adeptes ont transformé considérablement le Sahaj marg. Autour de Chari, ses adeptes ont créé un véritable culte de la personnalité. Chari s’est donc emparé d’une place qui n’existait pas, celle de Maître vivant. Une concurrence sauvage s’est installée entre les abhyasis pour gagner ses faveurs. Du moment que le Dieu incarné par le maître vous regarde, le divin recule au profit du maître, l’objectif initial de fusion cède le pas à l’expérience du bien-être apportée par la méditation qui le remplace. Le regard du maître et une technique de gestion du stress suffisent au bonheur des adeptes. Le produit spirituel est standardisé, sa marque est déposée…

Le Maître vivant remplace la fusion avec le divinExtrait du blog d’Elodie : « (…) Alors que le Sahaj Marg est synonyme de "chemin naturel", c'est en fait une pratique qui triche avec la nature en utilisant la force de la volonté pour accélérer un développement naturel. Il est basé sur l'acceptation que l'on commence à partir d'un niveau d'insuffisance spirituelle, ce qui nécessite une force extérieure pour rectifier la situation.
Le message de Babuji c’est que nous ne sommes pas assez développés spirituellement et qu’il y a urgence à le faire, la réalisation divine devenant complète lorsque l’on atteint la Région centrale, un Monde plus lumineux.
La méthode du Sahaj Marg permet d’atteindre cet objectif grâce à la méditation sur le cœur, mais elle nécessite un Maître vivant pour être accélérée, qui va favoriser la transmission spirituelle. C’est le premier point crucial, la dépendance vis-à-vis d’un maître mais il y en a un autre, c’est l’exclusivité de la méthode du Sahaj Marg, ce qui va entraîner de servir la Mission.
Double dépendance aveugle et totale du disciple qui veut progresser au Maître et à la Mission.
Babuji nous a instillé l’idée que nous sommes des nains spirituels, qu’il est urgent de progresser et qu’il a une méthode qui permet d’atteindre en une vie ordinaire la fusion avec le divin dans la Région centrale. Si nous, aspirants spirituels, voulons progresser spirituellement, il nous faut un Maître tout puissant et une méthode incarnée par la Mission SRCM.
Résultat, les abhyasis se bousculent pour obtenir les faveurs spirituelles du Maître, dans l’espoir d’obtenir un progrès en retour, leur juste récompense. L’objectif de l’aspirant spirituel devient donc le service aveugle pour la Mission, l’obéissance totale au Maître pour obtenir ses faveurs. En théorie, l’action du disciple est désintéressée, en pratique c’est l’inverse : elle est terriblement intéressée, il cherche une récompense spirituelle.
Comme l’aspirant spirituel n’est pas seul, il lui faut surpasser ses co-disciples, ses concurrents, pour mieux attirer l’attention du Maître et mieux profiter de lui, en bénéficiant de ses faveurs.
L’urgence du résultat à atteindre, la nécessité de passer par un Maître pour y parvenir, créent une atmosphère de compétition où l’on se dispute son attention. C’est une concurrence sauvage et égoïste.
L’autre résultat, c’est qu’en théorie il y a transmission spirituelle du Maître au disciple, mais en réalité il n’y a qu’un seul transfert : celui du pouvoir du disciple au Maître, unique bénéficiaire de cette vaste fraude spiritualiste. (…) »


Du spirituel au religieux, une marque déposée et standardiséeRajagopalachari ne retient que la légende des trois maîtres et passe sous silence toutes les racines antérieures du Sahaj Marg, pour affirmer le caractère exclusif de cette technique de méditation centrée sur le cœur. Lalaji a inventé ex-nihilo le Sahaj Marg, son successeur Babuji l'a perfectionné et Rajagopalachari lui a succédé en tant que dernier maître vivant, tout cela en droite ligne de transmission. La transmission de l'énergie divine par le maître vers le coeur de l'adepte est érigée en spécificité unique au monde, malgré ses origines ancestrales. On est passé du chemin facile d'accès (easy way) à un étroit passage délicat (natural path) dont l'accès est réservé à une élite.
Ce n'est plus rien d'autre que le produit de l'interaction entre Rajagopalachari et ses adeptes, entre l'abandon total au maître qu'il réclame et le culte de la personnalité que ses adeptes érigent. Totalement déculturé, juste légèrement imprégné de ce qu'il faut d'indianité et d'ésotérisme pour séduire des Occidentaux en mal d'un exotisme oriental érigé en graal spirituel, la technique du Sahaj Marg™ peut maintenant se répandre sans freins sur la planète entière.
C’est devenu une méthode de méditation adaptée et simplifiée du raja yoga dans les mains de Babuji. Grisé par son pouvoir sur les hommes, Rajagopalachari l'a totalement déculturée et vidée de son sens pour la recentrer sur le maître tout puissant à qui l'on doit obéissance. Ses adeptes ont achevé le travail en érigeant un véritable culte autour de sa personnalité où le Sahaj Marg devient un simple outil de développement personnel, une technique du bien-être, une marque déposée "Sahaj Marg™" comme il en existe tant d'autres.
A défaut d’avoir été officiellement nommé successeur de Babuji, Chari s’est emparé du mot Sahaj marg et en a déposé la marque au registre du commerce de plusieurs pays.
« Chari a un Dieu, c’est Babuji. Le Sahaj Marg a un pape, c’est Chari. Il a ses prêtres, ce sont les précepteurs. La SRCM a des temples, ce sont les ashrams. Le Sahaj Marg a un culte, c’est la sadhana et ses abhyas quotidiens (prière, cleaning et méditation, etc.). Il a un dogme, l’obéissance au maître et le service de la Mission. »
Liens :- Chari, ou l’industrialisation d’une spiritualité à l’Occidentale
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