Une succession bien peu spirituelle


Querelles & controverses
En 1974, Babuji nomme Chari pour lui succéder à la présidence de la SRCM. En 1982, il nomme son propre fils, Umesh Chandra Saxena. Il nie avoir jamais désigné Chari comme son successeur et il l’accuse d’attenter à sa vie depuis 8 ans.

Que s’est-il donc passé entre 74 et 82 pour un tel revirement ?

Deux nominations pour une seule présidence
Chari est introduit au Sahaj Marg en 1964. Il devient le secrétaire de Babuji en 1970 et l’entraîne dans une première tournée occidentale en 1972. Entre temps, le docteur Varadachari est décédé en 71.
Babuji fatigue et vieillit lui aussi. En 1973, Ragavendra Rao, Kasturi et Chari lui proposent de le décharger de son travail spirituel en se partageant les zones d’influence : Kasturi au nord, Rao au sud et Chari en dehors de l’Inde. Mais Babuji refuse. En 74, il est hospitalisé au Vivekananda Hospital de Lucknow. Au mois de mars, il fait sa déclaration de nomination de Chari à la présidence pour lui succéder. En 1979, il confirme son choix de Chari à KC Narayana, lui disant qu’il devra travailler avec lui et le soutenir dans sa tâche. Un autre abhyasi, qui se présente sous ses seules initiales JM, prétend que Babuji le lui a aussi confirmé à Munich en 1980.
Effectivement en 1980, Babuji et Chari voyagent ensemble au Danemark puis à Munich. En bonne intelligence au début au Danemark, mais beaucoup moins à Munich ensuite semble-t-il. André Poray s’y oppose vivement à Chari, à tel point que ce dernier dit qu’il n’ira plus jamais en France (alors qu’il est en Allemagne). La rivalité entre Chari et Poray apparaît ouvertement.
En 1981, Ragavendra Rao et Ramachandra Reddy entraînent Umesh, le fils de Babuji, dans un long voyage officieux aux Etats-Unis. Ces 2 full précepteurs ne font pas mystère de leur opposition à Chari, et Umesh apparaît comme leur faire-valoir, même s’il prend peu part aux méditations collectives.

Une bien sombre année 1982
En 1982, Babuji est usé et le calendrier se précipite. Le 6 avril, Babuji écrit un courrier incendiaire à Chari. Celui-ci lui répond le 12, mais Babuji n’en a cure et rédige secrètement la lettre de nomination d’Umesh le 16.
En septembre, Babuji et Chari sont à Paris, tout comme André Poray. Babuji est au plus mal, il est malade et délire. Il ne peut marcher seul sans tomber sur les genoux, 2 hommes sont nécessaires pour le porter jusque dans le hall de méditation (d’après le témoignage de Michael). Chari n’y est pas le bienvenu et reste à l’écart.
Depuis Paris, Babuji écrit une lettre confidentielle à son disciple MD Jahagirdar le 2 septembre où il accuse Chari d’essayer de l’empoisonner depuis 1974, et de déclarer à tous qu’il sera le prochain président alors que lui Babuji ne l’a jamais nommé. Mais Jésus Christ le protège, et Babuji révèle à Jahagirdar qu’il a nommé son successeur sans le lui désigner nommément et 4 personnes associées )Michael estime qu’à ce moment là, on pouvait faire faire n’importe quoi à Babuji vu son état de santé).
Aussitôt après son retour en Inde, le 6 septembre, Babuji est hospitalisé à Delhi à l’AIIMS et à la Clinique Helvetia, jusqu’à son décès le 19 avril 1983.

Le comité au travail
Le 10 juillet 1983, une première rencontre du comité de travail de la SRCM officialise les candidatures à la présidence. Deux lettres de nomination sont examinées : celle de Chari et, plus curieux, celle de Sharad Saxena (petit-fils de Babuji et fils de Prakash). Rien encore en ce qui concerne Umesh. La demande de Sharad unanimement considérée comme frauduleuse est rejetée. Celle de Chari est mise en doute en raison d’un tampon de la poste antérieur à la date du courrier. Une nouvelle rencontre est programmée en février 1984.
Le comité se réunit donc à nouveau les 6 et 7 février. Chari n’est pas le bienvenu, ses partisans ont été violemment refoulés de l’ashram. Réexaminée, sa candidature est déclarée frauduleuse. Mais entre temps est arrivée la candidature d’Umesh. Il est reconnu comme le président de la SRCM. A charge pour lui de former un nouveau comité de travail et désigner un autre président intérimaire pour ce comité, afin d’éviter une scission et dans l’attente que Chari se fasse une raison.

Clairement, deux clans s’affrontent : les seniors précepteurs indiens rejettent Chari, beaucoup trop occidentalisé à leurs yeux. Son rival André Poray s’est rallié à cette cause avec une partie des disciples français. Pour l’exclure et par souci de légitimation, ils ont reporté leur choix sur Umesh, le fils de Babuji. Mais dans les deux camps, tout le monde s’accorde pour dire que les enfants de Babuji n’ont jamais montré un intérêt particulier pour le Sahaj Marg de leur père.
De son côté, Chari est soutenu par la communauté occidentale, principalement au Danemark, aux Etats-Unis et en Allemagne (elle est plus partagée en France, on l’a vu). Néanmoins en Inde, Kasturi et KC Narayana, le fils du docteur Varadachari, lui apportent leur soutien. KC Narayana est le seul membre du comité de travail à avoir confirmé la validité de la lettre de nomination de Chari.

Le secrétaire général SA Sarnad est chargé de diffuser partout la nomination d’Umesh et les minutes du comité de travail dans une circulaire. Une assemblée générale réunissant 982 abhyasis a lieu le 8 février et entérine les décisions prises par le comité. La circulaire est rédigée le 15 février. SP Srivastava est nommé président du nouveau comité de travail de la SRCM le 20 mars.
Chari s’empare des ashrams de Chennai et Hyderabad. SA Sarnad rejoint les rangs de Chari et la circulaire n’est pas envoyée partout. Chari écrit à tous les précepteurs pour réclamer leur allégeance ou leur destitution. Les ashrams de Visakhapatnam, Nellore et Vadodara passent sous sa coupe.

En 1991, KC Narayana cesse de soutenir Chari et le quitte, puis c’est au tour de Kasturi en 1995…


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