Whispers, d’abord une aventure commerciale, ensuite une nouvelle idéologie


Inspiré d’un article d’Elodie [Résumé]

Whispers a proliféré dans tous les esprits

Surgit du néant en 2005, « Whispers from the Brighter World » est devenu la nouvelle Bible de la Mission, reléguant aux oubliettes toutes les valeurs anciennes du Sahaj Marg.

Comment est-ce arrivé et pourquoi ?

Chacun sait aujourd’hui ce qu’est Whispers, nul ne peut plus l’ignorer. Pourtant, il n’en était rien à ses débuts. Chari a savamment entretenu le mystère autour de sa sortie pour mieux attiser la curiosité de ses clients potentiels. Tout était tenu secret, sauf une chose : le prix à payer. Car ceux qui ne s’acquittaient pas rapidement de cette somme ne pourraient jamais y accéder. 250 euros, c’était le prix de la curiosité, le prix du cadeau de Chari.
Whispers, c’est d’abord la première campagne commerciale de la SMSF, orchestrée de mains de maître par Chari et ses conseillers, dans le but inavoué de financer le lancement de la future école des enfants de ses adeptes (LMOIS, ou Omega school). Une opération commerciale parfaitement exécutée qui pousse Chari à renouveler son exploit deux ans plus tard. Son appétit est devenu insatiable, il réclame alors 1200 dollars à ses adeptes clients pour son nouveau cadeau et la possibilité d’assister aux célébrations de son anniversaire. C’est un pas de trop qui l’oblige à faire machine arrière face à la fronde excédée de quelques brebis galeuses.

Whispers, ce n’est en définitive rien de plus qu’un beau livre acquis très cher par les clients de Chari qui lui ont fait confiance. Voilà ce que chacun finit par apprendre à ses dépens. Mais Chari n’en a cure, selon lui ce livre n’a pas de prix, c’est la nouvelle Bible-Veda-etc. du Sahaj Marg. Ayant prolongé indéfiniment sa période de vente, il interdit alors à ses clients de se regrouper pour l’acheter, il interdit à ses adeptes d’en lire des extraits en public durant les satsanghs (séances de méditation collective) et il interdit à quiconque toute reproduction partielle. L’effet de curiosité atteint son apogée.
Whispers, c’est donc une remarquable campagne commerciale de collecte de fonds, mais c’est aussi une savante alchimie pour créer un effet maximal de curiosité. Whispers, c’est ensuite une campagne de propagande énergique et très efficace. Envoi d’un e-mail quotidien « A Whisper a Day » pour que les adeptes méditent dessus le restant de la journée. Exit l’aspect financier, exit l’interdiction de diffusion. Les messages se succèdent en répétant toujours les mêmes idées. Et la répétition est à la base de l’enseignement, chacun sait cela. Les adeptes se retrouvent en satsangh pour « Absorb a Whisper », comme ils disent. Le martèlement permanent des mêmes idées gagne les consciences les plus hermétiques. La propagande finit par vaincre toute résistance. L’imprégnation est totale. Whispers a proliféré dans les esprits.
En savoir plus [EXEMPLES]

Whispers, c’est ce qui va s’imposer peu à peu comme le nouveau Credo des adeptes de Chari. Whispers, c’est une nouvelle religion. Même si chacun la connaît maintenant, il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler les lignes directrices. L’Humanité est mauvaise et elle court à sa perte, l’apocalypse ne saurait tarder. Tous les adeptes du Sahaj Marg ne seront pas sauvés, mais les meilleurs d’entre eux le seront. Les enfants du Sahaj Marg, élevés selon ses valeurs, constituent l’élite qui dominera ce Nouveau monde spirituel à venir. Babuji et tous les Grands saints de tous les temps y veillent depuis le Monde lumineux. Ainsi, les adeptes comprennent qu’ils sont partis à la conquête du monde, un monde peuplé d’êtres pas tout à fait dignes du qualificatif d’êtres humains.
Whispers 2005, c’est une nouvelle idéologie, un incroyable tour de passe-passe, un formidable recyclage d’une spiritualité indienne en un spiritisme issu d’un new age mondialisé. Une soi-disant médium française y recevrait quotidiennement des messages dictés depuis le Monde lumineux par un Babuji qui s’y est réfugié depuis son décès en 1983. Une manœuvre très habile : les messages proviennent directement du fondateur du Sahaj Marg, Chari ne peut les manipuler puisqu’il n’en est ni l’auteur ni le rédacteur. Nul ne peut donc s’y opposer, douter serait tout remettre en question. Mais qui est donc cette médium dont l’anonymat est soigneusement préservé ? Existe-t-elle seulement ? Qui rédige dans le plus grand secret une nouvelle constitution de la Mission taillée à sa seule mesure ? Poser la question c’est y répondre : une nouvelle fois, Chari appuyé par ses conseillers est aux commandes.
Whispers, c’est donc l’idéologie de Chari tout seul, la Bible d’une nouvelle religion qu’il est en train de créer de toutes pièces et qui s’empare de la Mission pour aller conquérir l’esprit de ses nouveaux et anciens adeptes. Certes, tout n’est pas complètement neuf dans Whispers. Mais c’est un renversement complet de tendance : Whispers est devenu la nouvelle grille de lecture et d’interprétation des œuvres de Babuji et de tous les autres textes de la Mission et non plus l’inverse. S’il existe des malentendus, tout est prévu, Babuji le répète régulièrement : vous n’êtes pas prêts à tout savoir, le temps n’est pas encore venu ; vous ne pouvez pas tout comprendre, vous êtes trop limités. La marge de manœuvre de Chari et de ses successeurs est phénoménale.
Whispers, c’est "du passé faisons table rase". Whispers, c’est une religion qu’on peut modifier en permanence à sa guise, réécrire au quotidien pour s’adapter aux besoins du moment, sans peur des maladresses et quiproquos. Et quand il n’y a plus de Whispers, il en vient de nouveaux. « A second revelation », tome deux de Whispers vient renouveler le stock épuisé, puis le tome trois martèle à nouveau les mêmes antiennes, et ainsi de suite.