Des fondations très opaques
Ferdinand
Wulliemier a créé la première fondation en Suisse en 1994 (SMSF ou Sahaj Marg
Spirituality Foundation), Santosh Khanjee en a fait de même à Austin au Texas en
1999, puis c’est au tour de l’Inde en 2003, de Dubaï en 2004 et de Hong Kong en
2012.
Pas moins de
5 fondations que Chari présente comme une seule et même fondation, une
organisation sœur de la Mission, fenêtre ouverte sur l’extérieur, son visage
public. Il explique que tel un oiseau, le Sahaj Marg a deux ailes, la première
est spirituelle et c'est la SRCM, la seconde est matérielle et c'est la SMSF. Traduisez :
d'un côté des associations spirituelles sans le sou, de l'autre des fondations
qui gèrent foncier, immobilier et finances.
“So the Foundation
will be ninety percent oriented to social and physical life; Shri Ram Chandra
Mission will be oriented ninety-nine percent towards spirituality.”
Selon la
Mission elle-même, la SMSF indienne gère les centres de formation et de
retraite en Inde, la SMSF USA gère le centre de retraite SPURS à Austin, la
SMSF suisse gère l’ashram et centre de formation de Berlin (et peut-être aussi
l’ashram et centre de retraite de Vrads). La SMSF de Dubaï créée en 2004 gère
l’ashram de ce pays et l’ensemble des intérêts de la Mission au Moyen-orient et
en Afrique. On ne nous dit pas ce que gère la petite dernière-née, la SMSF de
Hong Kong créée en 2012, mais on peut supposer qu’elle a en charge ses intérêts
asiatiques.
A les en
croire, les fondations doivent offrir de bonnes conditions matérielles aux
abhyasis pour méditer : formation et lieux de méditation (ashrams et
centres), mais aussi une clinique de santé et des repas gratuits, etc. En
pratique, elles subventionnent très parcimonieusement l’acquisition de nouveaux
ashrams, une fois qu’elles ont apprécié les besoins et jugé que les abhyasis
avaient fourni un effort suffisamment substantiel. Elles sont aussi responsables
de la conduite des programmes dans les domaines de la formation spirituelle, de
l'éducation et de la recherche.
Face à des
associations locales jugées trop démocratiques, les fondations conviennent
mieux à Chari. Elles n’ont qu’un vague conseil d’administration et très peu de
contrôles. Ainsi, la fondation suisse Stiftung Sahaj Marg Spiritualität de
Weinfelden dont les statuts ont été déposés le 2 août 1994, actuellement
inscrite au Registre du commerce du canton de Thurgovie, dispose d’un Conseil
d’administration de 11 membres présidé par Chari dont la signature suffit pour
accéder à son compte et réaliser n’importe quelle opération. Seuls 3 autres
membres du conseil d’administration ont aussi ce privilège, mais uniquement
avec les signatures conjointes de 2 d’entre eux.
En mai 2008, lors du Conseil d'administration de la SRCM
France à Vrads, Rajagopalachari double le montant de la cotisation française.
Mais il suggère aussi de créer en toute discrétion un Fonds international du
président basé en Suisse pour rassembler les donations petites et grandes,
l'idée étant que le maître puise à volonté dans cette cagnotte pour ce que bon
lui semble. Aucune communication écrite ne doit en être faite, mais seulement
des annonces orales dans les centres pour proposer des donations mensuelles.
Les donations
étrangères effectuées à la SMSF indienne sur 7 ans représentent plus de 28
millions de dollars (contre 3 à la SRCM), selon le FCRA du Ministère indien des
affaires intérieures entre 2006 et 2012. Ses recettes cumulées atteignent 38
millions (donations + intérêts financiers), alors que ses dépenses plafonnent à
6 millions.
Rien
d’étonnant puisque l’idée de Chari était de constituer grâce aux donations un
"Corpus fund" susceptible de générer seul des intérêts pour couvrir
la totalité des dépenses de l’organisation. Objectif atteint pour la SMSF
indienne depuis 2008 (2009 pour la SRCM) ! Mais les donations affluent
toujours…
En mars 2013,
le capital de la SMSF indienne issu de l’étranger représente 39 millions
(contre 14 à la SRCM), dont un "Corpus fund" de 34 millions (contre
10 à la SRCM).
Quel est le
montant des donations indiennes ? Quels sont les capitaux des 4 autres
fondations ? Mystère.
Si la SMSF
vit grassement de ses intérêts depuis 2007 et que les donations affluent
toujours, pourquoi ne participe-t-elle pas plus généreusement aux acquisitions
de nouveaux centres de méditation ? Pourquoi distribue-t-elle toujours ses
sous de manière aussi parcimonieuse ?
A lire
aussi : [Donations étrangères]