Evolution involutive ou régression infantilisante ?
Eminent précepteur du Sahaj marg et membre précurseur du courant de la Psychiatrie spirituelle durant les années 90, Ferdinand Wulliemier introduit dans le champ psychiatrique les notions d'invertendo (évolution involutive) et de région centrale si chères au Sahaj marg, en ajoutant aux stades d'évolution psychologique de l'individu un dernier état dit transpersonnel ou spirituel.
Au travers de ce "nouveau concept de la psychiatrie", il explique que la voie spirituelle est ce qu'il y a de meilleur pour l'humanité (extraits de "Notre évolution involutive ou l'invertendo de notre croissance" - IASP, Vol.3, 1995) :
«Lorsque nous avons atteint le stade de développement appelé existentiel ou "centaurique" (...), alors ce qui est appelé ici "évolution involutive" a déjà commencé à se manifester. (...) Il permet d'envisager dans de bonnes conditions une croissance à proprement parlé spirituelle (…). A première vue, l'observateur pourrait donc penser qu'il s'agit d'un être dépendant, naïf, incapable de dire non. S'il connaissait cette personne avant sa transition réussie vers un état transpersonnel, il pourrait en conclure qu'il y a eu régression à un mode de fonctionnement infantile. Nous savons qu'il n'en est rien puisqu'il s'agit d'une pseudo-régression, d'une évolution involutive du moi séparateur, permettant à cet être spiritualisé de se vivre non-séparé, de vivre la véritable fraternité (...).»
Selon Wulliemier, le comportement dépendant et naïf de l'aspirant spirituel n'est qu'une apparence trompeuse, de même que l'amoralité ou un comportement aberrant du Maître spirituel n'est rien d'autre que l'expression d'une sagesse qui nous échappe :
«Aux stades transpersonnels, l'observateur sera quelquefois choqué par certains comportements d'un Saint ou d'un Maître spirituel, qui peuvent paraître à nouveau amoraux, et donc correspondre à une régression psychologique. Or à ce stade, il s'agit en fait de transmoralité, qui bien entendu, repose sur une moralité impeccable : le Maître incarné peut être amené délibérément (et non pas pulsionnellement) à se mettre en colère, à faire quelque chose d'incongru, d'impoli, voire même de destructeur : comportements inattendus, apparemment aberrants, dont la nécessité ou la sagesse ne nous apparaissent souvent que (bien) plus tard.»
Toute la mécanique sectaire du Sahaj marg se trouve ainsi psychologiquement justifiée selon lui par la psychiatrie spirituelle et par l'existence d'un dernier stade évolutif dit transpersonnel, depuis la "régression à un mode de fonctionnement infantile" des abhyasis jusqu'aux pires agissements du Maître...
Plus loin, il déclare : «(…) au stade transpersonnel [on aboutit] à une pseudo-naïveté ou innocence due à une attitude d'abandon totale envers le Maître intérieur (…) La méthode Sahaj Marg consiste en une méditation sur le cœur (…) autrement dit sur la "rien-té" ou "nothingness" (…) Pour lier le tout, la souvenance continuelle (appelée "souvenir constant"), d'abord occasionnelle, puis fréquente, puis de plus en plus fréquente, du Maître intérieur, de la présence du Maître intérieur, jusqu'à ce que cette présence divine devienne permanente.»
Lors du Congrès sur la "Médecine du Troisième Millénaire", Ferdinand Wulliemier parle encore d'un état de "passivité active" pour décrire le comportement des adeptes du Sahaj marg, après avoir cité leur abandon total au maître spirituel :
« Un psychiatre américain, Jack Engler, un homme qui médite également, a dit quelque chose qui me semble approprié à propos de ce stade, considéré comme idéal pour un départ vers le champ de conscience spirituel : "you must be somebody before you become nobody" (…) C'est un état de "passivité active" .»
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