Des orphelins en quête d’un père de substitution


Les groupies fans de la star


Des adeptes formatés par leur maître, un gourou fabriqué par ses disciples


Les innombrables courriers d'adeptes envoyés au maître montrent leur incroyable détresse affective, familiale et sociale. En ce sens, ils constituent un bon échantillon des dégâts collatéraux engendrés par le monde moderne. Plutôt que de chercher les solutions à leur mal-être dans les défauts de la société elle-même, en se battant pour la faire évoluer, ils se tournent vers une solution spirituelle intérieure promise par Rajagopalachari, s'excluant ainsi définitivement du monde extérieur.

Le Sahaj marg fixe le but ultime dans la fusion avec le divin, à condition d'obéir et servir le maître en tout et pour tout. C'est ce qu'ils appellent l'évolution involutive, l'invertendo, où le maître devient le père, la mère, etc. Uniquement centrés sur leurs malheurs, les adeptes se concentrent sur leur relation exclusive avec le maître.

Le chemin pour parvenir au but ultime devient alors plus important que la fusion avec le divin. Cela permet d'oublier les soucis et frustrations du quotidien de l'adulte pour retrouver la fraîcheur et l'insouciance de l'enfance, une régression vers les années d'innocence où l'adepte n'a plus qu'à adorer son papa. Les moyens ont remplacé la fin.

Les adeptes ont donc transformé le Sahaj marg en une solution égocentrique à leur mal-être, un équilibre fragile où Chari leur sert de béquille psychologique. Le Sahaj marg n'a plus rien à voir avec la spiritualité, il est devenu une simple technique de recherche d'un mieux-être intérieur, reposant sur l'abandon total à un maître qui ne demande que ça.

Explication psychologique : les abhyasis sont donc des orphelins du monde moderne et ils ont trouvé un père de substitution, une béquille psychologique, dans la personne de Chari. Une autre explication plus terre à terre, c’est que les abhyasis sont des groupies, fans d’une star nommée Chari. Alors certes le gourou dirige ses adeptes de manière autoritaire, pleinement responsable des dérives sectaires de la Mission, mais les abhyasis ont aussi leur part de responsabilité. A leur manière, les disciples façonnent leur maître à l’image qu’ils veulent avoir de lui. Chari n’est pas seul responsable du personnage imbu de pouvoir qu’il est devenu.

Les abhyasis ne sont plus dans une simple admiration de leur gourou. Leur adoration et leur idolâtrie atteignent de tels niveaux qu’on est obligé de parler de fanatisme. Et qui peut résister sans changer à de tels débordements ? Après tout, leur maître n’est qu’un homme…

La concurrence entre abhyasis est rude pour approcher le maître et gagner ses faveurs. Leur nombre étant aujourd’hui important, la seule issue pour être distingué et sortir de la masse est de surpasser les autres. La compétition fait donc partie de la vie d’un abhyasi moyen qui veut être remarqué…

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