La naissance d’un mythe


Le Sahaj Marga, un raffinement du raja-yoga (1931-73)

(Mise à jour le 21 avril 2014)

En 1945, non loin de Fategarh, Ram Chandra Babuji de Shahjahanpur s’auto-proclame unique héritier spirituel de Lalaji.

Différentes personnalités décédées depuis longtemps s'adressent à lui dans des rêves qu'il appelle des intercommunications, tels Lalaji, les soufis Hujur et Baqi Billah ou les hindous Swami Vivekananda, Ramakrishna et Bouddha lui-même. Ils demandent à Babuji de créer l'enseignement du Sahaj Marga (easy way, la voie facile) et de fonder l'organisation Shri Ram Chandra Mission (SRCM) à Shahjahanpur.

Babuji a réellement rencontré Lalaji trois fois en tout et pour tout. Le reste est le fruit d'une intercommunication qui débute au lendemain de la mort de Lalaji en 1931 puis s'interrompt pour reprendre à partir d'avril 1944. Entre temps, il fréquente différents mouvements issus de l’enseignement de Lalaji comme le Ramashram satsang du Docteur Chaturbhuj à Etah et celui de Shri Krishna Lal à Sikandrabad. Il rêve aussi qu'il se rend à Kanpur, siège de la famille de Raghubal Dayal Chachaji, le frère de Lalaji et père de Brij Mohan Lal Dadaji. D'après son journal, Babuji considérait qu'il était entouré de concurrents et d'ennemis. Ceux-ci auraient même tenté de l'empoisonner et de l'assassiner. Réalité ou délire paranoïaque ?

Les parents du jeune Babuji se sont d’abord offusqués qu'il fréquente des musulmans. Lui-même ensuite, avec son livre "Efficacy of Rajayoga in the Light of Sahaj Marg" publié en 1947, effectue un recentrage stratégique de son enseignement autour du raja-yoga et de Lalaji, effaçant ainsi toute référence au soufisme. Il est vrai que l'indépendance et la partition sont au cœur de l'actualité indienne du moment. Plus tard, en 1963, il exprime même l'opinion que le Sahaj Marga a remplacé les différentes confréries soufies qu’il juge dépassées.
Raffinement du raja-yoga, l'enseignement spirituel du Sahaj Marga élimine les difficiles étapes préliminaires à la méditation, le rendant ainsi plus facile et praticable pour notre époque. Les dix commandements édictés par Lalaji à Babuji précisent que la pratique comporte aussi une prière avant le lever du soleil, ainsi qu'une repentance pour les péchés commis au coucher du soleil. Sans oublier d'avoir un coeur empli d'amour et de dévotion, et que le but est d'atteindre l'unité avec Dieu.

Babuji débute son enseignement spirituel dans l'Uttar Pradesh, où il s'allie Kasturi Chaturvedi qu'il déclare bientôt "sainte du Sahaj Marga". Mais sa notoriété déborde rapidement du nord de l'Inde et se propage à l'ensemble du pays. Des hommes du sud le rejoignent, tels Raghavendra Rao au sud-ouest (Raichur, Karnataka), le Docteur KC Varadachari au sud-est (Tirupati, Andhra Pradesh), puis Parthasarathi Rajagopalachari plus au sud encore (Chennai, Tamil Nadu).

La rencontre entre Babuji et le Docteur Varadachari se transforme vite en une profonde amitié. Titulaire de la célèbre Chaire de Vivekananda à l'Université de Madras, ce professeur de philosophie crée le Sahaj Marg Research Institute en 1965 et contribue ainsi largement à la diffusion du Sahaj Marga auprès du grand public.

Babuji nomme des précepteurs, chargés de servir de canal de transmission entre lui et ses disciples. A la fin des années soixante, certains d'entre eux partent à l'étranger et commencent à diffuser le Sahaj Marga. Babuji effectue son premier voyage en Occident en 1972, accompagné de Parthasarathi Rajagopalachari. Et la Shri Ram Chandra Mission s'agrandit.

Le Docteur Varadachari alerte Babuji sur les risques de dérives de l'enseignement dues à son expansion dès 1970, mais il décède l'année suivante. Et Babuji vieillit et fatigue lui aussi, il a 75 ans en 1974 quand il est hospitalisé à Lucknow. L'année précédente, Kasturi Chaturvedi, Raghavendra Rao et Parthasarathi Rajagopalachari lui ont proposé de le seconder dans son travail spirituel. Kasturi s'occuperait du nord, Rao du sud et Rajagopalachari de l'extérieur de l'Inde, mais Babuji a refusé et il continue inlassablement de voyager.

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