Le combat des chefs


Le Sahaj Marg, enjeu de pouvoir (1974-84)

(Mise à jour le 21 avril 2014)

Babuji a d'abord préparé son grand ami le Docteur Varadachari à sa propre succession. Mais ce dernier est mort bien avant lui, dès le 30 janvier 1971, le laissant dans l'embarras. Il se rapproche alors de Rajagopalachari devenu son disciple en 1964, le nommant secrétaire de la Mission en 1970, et tout semble bien aller entre eux. Mais soudain, tout bascule en 1982. Babuji lui fait de graves reproches dans un courrier en date du 6 avril et il nomme un autre secrétaire à sa place le 28 juin.

En septembre 82, très malade et affaibli, Babuji écrit depuis Paris que certains complotent pour accaparer les biens de la Mission. Il accuse Rajagopalachari d'avoir tenté de l'empoisonner à de multiples reprises depuis huit ans. Il ajoute enfin que celui-ci se présente aux disciples occidentaux comme le futur président de la Mission, alors qu'il vient de nommer secrètement son propre fils pour lui succéder. Réalité, paranoïa ou bien sénilité ?

A Paris, Babuji est malade. Il délire et ne peut marcher seul. Le médecin qui l'accompagne confirme qu'il n'aurait jamais dû entreprendre ce voyage vu son état de santé. Le français André Poray en profite pour lui voler la vedette. Dans son coin, Rajagopalachari susceptible broie du noir et devient taciturne et agressif.
Babuji décède le 19 avril 1983. Lors du rassemblement qui se tient le 10 juillet suivant, deux prétendants se manifestent. Le fils aîné de Babuji, Prakash Chandra, présente la candidature de son fils, Sharad Saxena, tandis que Parthasarathi Rajagopalachari présente une lettre de nomination datée du 23 mars 1974. Le comité de travail renvoie sa décision au mois de février suivant.

En février 84, Rajagopalachari profitant de l'anniversaire de la naissance de Lalaji va à Shahjahanpur, mais on lui fait comprendre qu'il n'est pas le bienvenu et il doit se retirer de l'ashram. Le comité se réunit donc en dehors de sa présence. Lors de sa réunion des 6 et 7 février, le nouveau secrétaire général SA Sarnad propose que le comité soit présidé par son doyen, PC Chaturvedi. Les deux candidatures de Sharad et Rajagopalachari sont rejetées pour tromperie. Le comité précise que la lettre de Rajagopalachari a été oblitérée à une date antérieure à celle qui figure à l'intérieur et que Babuji avait porté plainte pour le vol de quatre lettres à entête de la SRCM. Sarnad présente alors au comité la lettre de nomination secrète qu'évoquait Babuji et qui désigne un autre de ses fils, Umesh Chandra Saxena, datée du 16 avril 1982. Le comité l'examine, la valide et déclare Umesh Chandra président. Sarnad est chargé de diffuser une circulaire pour annoncer sa nomination qui est entérinée en assemblée générale devant 982 membres le 8 février 84.

Selon les partisans de Rajagopalachari, Kasturi et le canadien Donald Sabourin ont été les témoins de sa nomination. Le fils du Docteur Varadachari, K.C. Narayana ajoute que Babuji lui a annoncé en 1979 qu'il aurait à travailler en étroite relation avec Rajagopalachari après sa mort. On dit aussi que Babuji déclarait toujours en 1980 à Munich qu'il lui laisserait le pouvoir. Et tout le monde s'accorde à dire que les enfants de Babuji ne participaient pas aux méditations collectives hebdomadaires et n'ont jamais montré aucun signe d'intérêt pour les choses spirituelles.

Mais Parthasarathi Rajagopalachari, cet homme du sud, fumeur de cigarettes américaines très occidentalisé, n'est pas du tout apprécié par les seniors précepteurs. En 1981, deux d'entre eux, Raghavendra Rao et Ramachandra Reddy, ont effectué une tournée non officielle aux Etats-Unis en compagnie d'Umesh Chandra Saxena, qui n'est pas même précepteur. Les détracteurs de Rajagopalachari affirment aussi que Babuji l'a destitué de toutes responsabilités et ils ajoutent qu'il a accompagné Babuji sans son accord dans sa dernière tournée en France, déclarant qu'il serait président avant la mort de Babuji à des disciples danois.

Alors, la lettre de nomination de Rajagopalachari est-elle une contrefaçon ? Babuji a-t-il démis Rajagopalachari de toutes ses fonctions ? L'accuse-t-il à juste titre des pires atrocités ou bien son courrier de Paris n'est-il que le fruit du délire et de la sénilité ? Pourquoi sa famille a-t-elle commencé par présenter la candidature de Sharad en juillet 83 avant de faire valoir la lettre de nomination secrète d'Umesh Chandra ? Autant de questions qui resteront sans doute à jamais sans réponses.

En désignant son fils, Babuji stipulait qu'il deviendrait président de la Shri Ram Chandra Mission de Shahjahanpur et représentant spirituel en droite ligne de succession. Dans son courrier d'accusation, il précisait qu'il serait secondé dans sa tâche par KC Narayana, SP Srivastava et deux autres disciples. Mais Umesh Chandra cède provisoirement sa place à Srivastava, nouveau président élu et non pas désigné, pour éviter la dislocation de l'organisation. Ce dernier siège donc à Shahjahanpur et s'attelle à la publication du journal de Babuji.

Rajagopalachari fait sécession, rassemble un autre comité à Hyderabad qui le désigne président, puis il siège à l'ashram de Chennai dans le sud de l'Inde, et parcourt le monde en quête d'appuis. Narayana reste fidèle à la demande de Babuji de 1979 et trahit celle de septembre 82, il rallie Rajagopalachari et refuse de seconder Umesh Chandra. C'est ensuite au tour de Sarnad de rejoindre le clan de Rajagopalachari, interrompant ainsi la diffusion de la circulaire de nomination d'Umesh. Rajagopalachari, quant à lui, contacte les précepteurs nommés par Babuji, leur donnant l'ordre de le reconnaître président, faute de quoi il les démet de leur fonction.

En Europe, certains disciples de Babuji complètement égarés suivent André Poray, tandis que débute une longue bataille juridique entre Umesh Chandra Saxena et Parthasarathi Rajagopalachari, pour la présidence de la Shri Ram Chandra Mission et le contrôle de l'ashram de Shahjahanpur.

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