Aux sources de la légende


D'abord un enseignement syncrétique issu de l'hindouisme et du soufisme (1891-1930)

(Mise à jour le 21 avril 2014)

A la fin du dix-neuvième siècle, en 1891 très exactement, un jeune hindou du nom de Ram Chandra Lalaji de Fatehgarh rencontre le maître d'une lignée soufie indienne. Cette rencontre entre un hindou et un musulman n'a rien d'exceptionnel dans cette région du nord de l'Inde, l'Uttar Pradesh, très peuplée et fortement islamisée. Leur amitié est beaucoup plus surprenante en cette époque politiquement sensible où les tensions interreligieuses entre communautés s'exacerbent.

Hazarat ou Maulana Shah Fazal Ahmad Khan de Raipur (1857-1907), surnommé plus simplement Hujur, est le guide spirituel de la Tariqa Mazahariya. Cette ramification de la confrérie soufie de la Naqshbandiya, créée par Mirza Mazhar Zanzana (1701-1781), est durablement implanté dans l'Uttar Pradesh. C'est déjà une sorte de syncrétisme entre les principales confréries soufies indiennes et certains enseignements traditionnels hindous. Hujur enseigne déjà indifféremment aux musulmans et aux hindous. Mais il va aller encore plus loin dans cette voie avec son disciple Lalaji. Ensemble, Ils mettent en évidence les équivalences entre les spiritualités soufie et hindoue et en réalisent une nouvelle synthèse. Leur objectif, totalement à contre-courant de l'histoire immédiate dominée par le repli identitaire face à l'envahisseur britannique, est d'abolir les frontières interreligieuses.

Le fruit de leur travail établit que la responsabilité principale de l'évolution spirituelle de l'aspirant repose dans les mains de son maître, à condition qu'il entre en contact quotidien avec son gourou par le biais de la méditation. Le maître déverse l'énergie divine dans le cœur de son disciple en le libérant de ses pensées impures. On retrouve des bases du Santmat posées par Kabir au quinzième siècle, comme des éléments des onze principes de la Naqshbandiya qui prônaient déjà la méditation silencieuse du cœur et le souvenir constant de la présence divine.

A la suite d'Hujur, Lalaji devient le premier guide spirituel hindou de la Tariqa Mazahariya, sans jamais se convertir à l'Islam. Son enseignement s'inspire de plus en plus du Santmat de Kabir et de ses successeurs au fil du temps. Ainsi, plusieurs de ses disciples fondent le courant des Ramashram Satsang, sorte de syncrétisme entre soufisme et Santmat, qui se répand dans le nord de l'Inde.

En 1930, un an avant sa mort, Lalaji désigne son propre fils Jag Mohan Narain pour lui succéder à la tête de l'ordre, contrairement au souhait d'Hujur de voir y accéder le neveu de Lalaji, Brij Mohan Lal Dadaji. Il crée ainsi pour la première fois au sein du soufisme un lignage héréditaire, qui porte le nom de Tariqa Ramchandriya.

NaqshMuMRA (Tariqa Ramchandriya soufie des descendants de Lalaji), Golden sufi center (Tariqa soufie issue du neveu de Lalaji), Ramashram satsang et Akhil bhartiya santmat satsang (deux syncrétismes entre soufisme et santmat) sont tous encore aujourd'hui des mouvements spirituels qui revendiquent un héritage direct de Lalaji et de sa famille.

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