Le Sahaj Marg, combien de divisions ?

Quoi qu’il en soit, la stratégie quasi militaire de Rajagopalachari et son chantage affectif auprès des précepteurs portent leurs fruits. La croissance numérique est au rendez-vous.

Selon Ajay Kumar Bhatter, la Shri Ram Chandra Mission comptait 3 000 adeptes à la mort de Babuji en 1983. Ensuite KC Narayana estime leur nombre à 20 000 à son départ en 1991. Et Rajagopalachari annonce de 50 à 55 000 adeptes en 1995-97, puis 75 000 en 2000. Enfin en 2003, il affirme avoir multiplié par trois le nombre d'adeptes indiens en trois ans. Tout cela pour atteindre 200 à 300 000 adeptes entre 2004 et 2007.Et l'on parle maintenant de 300 à 400 000, certains disent même 600 000…

Restons raisonnables, une présentation de la Mission effectuée en Allemagne en 2007 dresse le tableau suivant : 200 000 adeptes en Inde, 25 000 ailleurs dont 3 500 en Europe et une présence dans plus de 90 pays.

Les effectifs réels de la Shri Ram Chandra Mission sont un perpétuel enjeu de spéculations. Difficile de cerner le vrai du faux ! D’autant que la Mission elle-même ne sait pas précisément quel est l’effectif de ses troupes. Rajagopalachari sait seulement de manière sûre qu'il peut réunir plus de 50 000 personnes lors des grandes cérémonies pour son anniversaire, et il connaît précisément combien il a de précepteurs, environ 2 600 actuellement. C’est tout !

Avant de savoir combien ils sont, encore faut-il déterminer ce qu’est un "abhyasi" (adepte) ? Les personnes introduites au Sahaj Marg ont suivi trois sittings d’introduction avec un précepteur, sans que l’on sache si elles ont poursuivi leur pratique ensuite. Par simplification, je les appelle "sympathisants". Pour assister à la cérémonie d’anniversaire de Rajagopalachari, il faut être "cotisant", même si l’on ne se rend à l’ashram qu’une seule fois par an, comme c’est le cas de beaucoup d’Indiens. Du coup, Rajagopalachari a fait réaliser un recensement mondial des "pratiquants réguliers" du Sahaj Marg, estimé par le nombre de personnes qui ont assisté à la méditation collective du dimanche 30 avril 2008.

Alors, qui sont donc les "abhyasis" ? Sûrement pas la totalité des sympathisants ni des cotisants. Mais sûrement pas non plus les seuls pratiquants réguliers de la méditation collective du dimanche. C’est probablement quelque part entre cotisants et pratiquants réguliers que se situe la réalité.

En Inde, dans le centre de Chennai, fief de la Mission, il y a un précepteur pour trente pratiquants réguliers, qui représentent eux-mêmes moins de 30% des cotisants, et il faut introduire trois personnes pour obtenir une seule adhésion. Dans le reste du monde, les choses sont quelque peu différentes. Cotisants et pratiquants réguliers sont plus proches en nombre, et on compte un précepteur pour dix à quinze pratiquants réguliers. Quant aux sympathisants, ils représenteraient 25% des cotisants en France.

Globalement, on aurait donc une nébuleuse d’un peu moins de 500 000 sympathisants, un peu plus de 150 000 cotisants et autour de 50 000 pratiquants réguliers dans le monde. Le nombre d’abhyasis serait donc quelque part entre 50 et 150 000, sans doute pas très éloigné des 100 000 adeptes. La fourchette est grande, mais ces extrapolations sont malgré tout beaucoup plus fines et précises que tous les effets d’annonce de Rajagopalachari. Ce n’est déjà pas si mal, même si c’est très en deçà de ce qu’on a voulu nous faire croire…

Quels que soient les chiffres réels, l'Inde compte aujourd'hui au moins trois quarts des adeptes du Sahaj Marg. Ensuite, on retrouve en tête l'Amérique du nord et l'Europe de l'ouest qui pèsent chacune pour près du tiers des effectifs hors Inde.

Après l'inde, deux pays comptent plus de mille adeptes, les Etats-Unis avec environ 3 000 adeptes et la France un bon millier. Trois autres pays comptent plus de 500 adeptes, il s'agit de l'Allemagne, du Danemark et des Emirats arabes unis. A eux cinq, ils représentent déjà la moitié des effectif hors Inde. Dix autres pays comptent plus de 200 adeptes, soit pour les quinze réunis trois quarts des effectifs mondiaux, toujours hors Inde.

En France, on estimait que 250 à 500 000 personnes étaient engagées dans des sectes en 2000. La part du marché sectaire détenue par la Shri Ram Chandra Mission y serait donc très inférieure à 1%. Une autre façon de mesurer son importance est son taux de pénétration dans la société française, qui s'établit autour d'une quinzaine d'adeptes par million d'habitants, à peu près équivalent au taux de pénétration moyen mondial. Il est très inférieur à celui de l'Inde qui s'élève à 80, ainsi qu'à certains petits pays européens comme le Danemark (90) ou la Suisse (50), et asiatiques comme les Emirats arabes unis (120) ou Singapour (35).

Depuis le milieu des années 90, les effectifs de la Shri Ram Chandra Mission stagnent en France comme dans le reste de l'Europe de l'ouest, ainsi qu'en Amérique du nord plus récemment. A l'inverse, de fortes progressions ont été enregistrées en Inde où Rajagopalachari est revenu triomphant de ses concurrents, en Amérique latine et dans les pays de l'est depuis la chute du mur de Berlin. Et Rajagopalachari tente de s'établir en Chine…


Pour plus d'infos, voir aussi la Géographie de la SRCM