Formation en interne et sensibilisation à l'extérieur

En parallèle, le SMRTI décide d'investir largement dans la formation des adeptes du Sahaj Marg. Il met rapidement en place une vaste gamme d'outils de formation sur son website (http://www.spiritualityfoundation.org/smrti/rc/rc.html). Le premier d'entre eux est une formation en ligne des précepteurs dès le 12 octobre 2001, bientôt suivi d'un processus de certification des programmes qui sont offerts, garantissant ainsi le strict respect des enseignements des maîtres du Sahaj Marg.

Mais les outils de formation sont jugés insuffisants et l'institut s'investit alors directement dans la formation interne, pour les personnes chargées de l'entretien des ashrams comme pour les nouveaux venus au sein du Sahaj Marg ou ses cadres. Ainsi, un consultant indien est chargé de former les agents de maintenance et les gérants des ashrams indiens de la Shri Ram Chandra Mission.

Sous la direction d’européens exilés, des formations sont aussi proposées à des boursiers des pays du sud, nouveaux venus au Sahaj Marg. Cette école du Sahaj Marg, que Rajagopalachari surnomme ses "Petites Nations Unies", s'appelle en réalité le Scholarship Training Program (STP). C'est une formation de six semaines dispensée à l'ashram de Manappakam, au cours de journées qui débutent à 5 heures et s'achèvent à 22 heures, et dont les activités sont rythmées par une cloche offerte par la SRCM France. Un bel embrigadement qui rappelle des pensionnats d'un autre âge, avec des journées à rallonge où les méditations individuelles et collectives s'enchaînent à un rythme effréné, pour un endoctrinement particulièrement efficace de personnes chargées de développer la Shri Ram Chandra Mission dans des régions du monde où elle est peu présente.

Les cadres du Sahaj Marg ne sont pas en reste. Rajagopalachari inaugure son premier Center for Research, Education, Sadhana & Training (CREST) durant l'été 2006. Son objectif est d'accueillir en formation des adeptes de plus de cinq ans pour des formations d'un mois. Ici, les horaires sont encore plus drastiques : lever 4h30, petit-déjeuner 8h… et prière du soir à 21h. Situé à Kagalipura, à 23 km de Bangalore (Karnataka) sur près de deux hectares, le CREST est une propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation et peut accueillir plus de soixante personnes. Il est dirigé par un précepteur retraité des services de la police indienne, qui comptabilisait 183 séminaristes, 542 séjours d'une semaine et 400 visiteurs, au bilan de sa première année d'exercice.

Et ce n'est que le début d'un intense effort de formation. En juin 2008, Rajagopalachari a ouvert le CREST au public des jeunes, entre vingt et trente ans, pour des programmes de six jours. En septembre 2009, il a ouvert le Scholarship Training Program aux Indiens, ce qui n'était pas le cas jusque là. Et il vient d'inaugurer un second CREST le 28 septembre, à Kharagpur, à 130 km de Kolkata (Ouest Bengale), au pied du premier Institut de technologie de l'Inde décolonisée créé en 1951. Tout un symbole…

La formation interne est donc un axe important des activités de l'institut, mais c'est loin d'être le seul, et Rajagopalachari compte bien sur un fort retour sur investissements. Tous ces adeptes maintenant bien formatés doivent à leur tour diffuser le Sahaj Marg au sein de la société environnante, pour justifier du bien-fondé de leur formation.

Ainsi, les portes ouvertes organisées pour accueillir de nouveaux venus sont soumises à un règlement très strict par le SMRTI. Les séances de méditation y sont fermement proscrites et seuls les administrateurs ont le droit de répondre aux questions des visiteurs. Des coachs professionnels proposent même leurs services aux adeptes pour les aider à présenter le Sahaj Marg dans diverses situations, lors de séminaires ou de portes ouvertes, ou bien même en famille. En France, certains coachent ceux qui le souhaitent depuis 2006.

Le monde de l'entreprise n'est pas oublié non plus, loin de là. En Inde où la méditation est une institution et une tradition, l'influence de la Shri Ram Chandra Mission est plus forte qu'ailleurs, ce qui lui permet d'intervenir en son nom propre lors de formations en management et développement personnel, autour de la gestion du stress par la méditation notamment. Ailleurs, ce sont des adeptes professionnels qui le font, en évitant soigneusement au contraire de citer la Mission.

Ainsi, d'après le journal Times of India du 23 juillet 2000, la Shri Ram Chandra Mission a organisé un séminaire international de trois jours, appelé "management of life" et rassemblant plus de 10 000 délégués à Calcutta : "[The meditation] is very helpful for policemen and other government servants as well. While, at Barrackpur, we started a workshop for policemen (…). The training programme still goes on at Barrackpur. Elsewhere, CISF [Central Industrial Security Force] and RPF [Central Reserve Police Force] personnel and bank officers are also undergoing this training. The mission has been recognised by the Ministry for Human Resource Development as a teaching institute for yoga (…). Ethical Management is now being taught at IIM (Calcutta) [Indian Institute of Management] with the help of the mission."

Depuis, les interventions du SMRTI se sont considérablement multipliées dans la plupart des institutions et entreprises indiennes, et même auprès des étudiants, toujours sous couvert de gestion du stress et de management éthique. Il est vrai que Rajagopalachari prononçait un discours intitulé "Spirituality in Corporate Management" dès le 2 février 1990, où il faisait l'apologie du leadership et du management d'entreprise qu'il a bien connus, pourvu qu'ils soient éthiques, c'est-à-dire spirituellement inspirés par le Sahaj Marg.

En Occident, l'institut a d'abord privilégié les médias, notamment la presse spécialisée féminine, où il parle des bienfaits du yoga et de la méditation. Le message est extrêmement simple : le Sahaj Marg est une technique de méditation parfaitement adaptée à la vie de famille moderne. Des adeptes se sont chargées de collecter des témoignages dans ce sens. Et depuis, certains n'ont de cesse de faire publier de nouveaux articles pour le faire savoir.