Lors de la première matinée s'expriment à la tribune uniquement trois des adeptes du Sahaj Marg. Le précepteur et psychiatre irlandais Ivor Browne commence, suivi du full précepteur français Patrick Fleury et du suisse Ferdinand Wulliemier. Le lendemain matin, c'est Rajagopalachari lui-même qui clôt le séminaire tandis que l'animateur de l'AIPS, Jean-Marc Mantel, annonce que Rajagopalachari est prêt à accueillir un tel séminaire de professionnels dans son ashram de Delhi, peut-être même aussi à côté de Boston où la Shri Ram Chandra Mission est très développée.
Peu après, le website du SMRI déclare que ce séminaire a été co-organisé par l'AIPS et lui. C'est Ferdinand Wulliemier qui a été l'artisan de ce rapprochement. Ce psychiatre suisse, qui a découvert le Sahaj Marg en 1985 à l'âge de 40 ans, devient rapidement précepteur et crée la fondation suisse Sahaj Marg Spiritualité en 94. Parallèlement, il exerce durant 35 ans en tant que thérapeute et enseignant à la Faculté de Médecine, la Faculté des Sciences sociales et politiques et au Centre d’Etude de la Famille à Lausanne.
Il est membre de l'AIPS et participe pour la première fois à son journal et ses congrès en 1995. Le 19 janvier 1997, il donne une conférence commune avec JM Mantel sur le thème de "L'impact de la méditation en médecine, psychologie et psychiatrie" dans le cadre du congrès sur la Médecine du troisième millénaire organisé par Stratégique à Paris. Tout naturellement, le séminaire israélien du mois de mai suivant est conjointement organisé par le SMRI et l'AIPS. Wulliemier n'a pas perdu de temps…
Membre précurseur du courant de la Psychiatrie spirituelle durant les années 90, Ferdinand Wulliemier introduit dans le champ psychiatrique les notions d'invertendo (évolution involutive) et de région centrale si chères au Sahaj Marg, en ajoutant aux stades d'évolution psychologique de l'individu un dernier état dit transpersonnel ou spirituel. Au travers de ce "nouveau concept de la psychiatrie", il explique que la voie spirituelle est ce qu'il y a de meilleur pour l'humanité.
Il tente surtout de justifier certains comportements, tels celui de l'aspirant spirituel faussement dépendant, innocent et naïf qui régresse vers un comportement infantile. De même qu'un comportement amoral du maître spirituel qui ressemble à une régression psychologique ne serait en fait rien d'autre que l'expression d'une sagesse qui nous échappe, une transmoralité (extraits de "Notre évolution involutive ou l'invertendo de notre croissance" - IASP, Vol.3, 1995). Toute la mécanique sectaire du Sahaj Marg se trouve ainsi psychologiquement justifiée selon lui par la psychiatrie spirituelle et par l'existence d'un dernier stade évolutif dit transpersonnel.
Lors du Congrès sur la "Médecine du Troisième Millénaire", Ferdinand Wulliemier parle encore d'un état de "passivité active" pour décrire le comportement des adeptes du Sahaj Marg, après avoir cité leur abandon total au maître spirituel. Mais il rapporte aussi les résultats d'une étude qu'il a réalisée sur une période de 8 ans, entre 1988 et 1996, sur 54 de ses patients suivis en psychothérapie et qui se sont mis à méditer ou méditaient déjà selon le système du Sahaj Marg.
Il avoue faire du prosélytisme auprès de ses patients en psychothérapie. Or certains médias francophones s'émeuvent de ce type de pratiques de psychothérapeutes engagés dans des mouvements sectaires. Ferdinand Wulliemier n'est pas le seul adepte du Sahaj Marg en cause, loin de là, mais c'est le plus réputé dans son domaine. C'est donc la révélation de trop qui finira par déclencher un revirement de Rajagopalachari, ou de son maître Babuji si l'on croit aux paroles d'outre-tombe.
Cela arrive donc concrètement dans "Whispers" le 10 avril 2001 qui fait dire à. Babuji : « Be wary of the confusion that is being made between the workings of our spiritual method and all psychoanalytical practices that are currently springing up. It is not desirable to make connections between them. Criticisms currently made by the media against Sahaj Marg in France, allude to leaders who manipulate our candidates by involving them in both disciplines. It would be necessary to stop mixing it all up by considering abhyasis as potential clients and vice versa. Therapist preceptors are not serious enough on this point, hence numerous problems are already caused by this lack of vigilance.»
Rajagopalachari vient ainsi d'ordonner à Ferdinand Wulliemier de la mettre en veilleuse, et le SMRTI cesse ses activités dans les champs psychiatriques et psychothérapeutiques. Mais qu'à cela ne tienne, l'institut rebondira vite en recyclant ces notions dans les champs du développement personnel et du bien-être, peut-être d'ailleurs plus à la mode que la psychiatrie.
Aujourd'hui retraité, Ferdinand Wulliemier sort de sa longue période d'hibernation médiatique, mais sans plus jamais faire aucune référence directe au Sahaj Marg comme il le faisait abondamment par le passé. Pour s'occuper, il crée un website (http://www.psychologie-therapies-spiritualite.ch) où il vend des séminaires plus ou moins spiritualisés, de 2 à 8 jours pour 380 à 800 CHF (240 à 500 €). Puis en octobre 2008, il coorganise un symposium sur les liens entre astrologie et thérapies (http://www.symposium-astrologie-therapies.ch/) avec quelques autres membres éminents du Sahaj Marg suisse qui y ont activement participé. Ainsi, sur un comité d'organisation de huit personnes, on comptait au moins cinq membres de la Shri Ram Chandra Mission.
Et le 14 mai 2009, il renoue avec son thème de prédilection dans une intervention intitulée "Dépression et Opportunités de la Crise" devant le 20ème Congrès du Groupe Romand d'Accueil et d'Action Psychiatrique à Lausanne. Pour ce psychiatre, la dépression constitue une opportunité de progression évolutive vers de nouvelles dimensions spirituelles (http://www.psychologie-therapies-spiritualite.ch/articles/articles_pdf/correct_articles/ART-GRAAP.pdf). Il n'est décidément pas facile d'abandonner un sujet si passionnant…