La valse-hésitation orchestrée par Chari autour des ashrams



Du vivant de Babuji, les biens matériels de la SRCM se confondaient avec ses biens propres. L'ashram de Shahjahanpur a été construit sur ses terres, auprès de sa maison, et inauguré en 1976. C'est le premier ashram de la Mission, le seul que créa jamais Babuji. En dehors de cela, elle ne possédait à peu près rien d'autre.
Changement total de stratégie avec Chari : si les abhyasis occidentaux veulent le voir, il faut avoir un ashram et si possible un cottage pour l’accueillir.
Le patrimoine immobilier se constitue progressivement, d’abord avec l'achat du château d’Augerans en France en 1988, siège européen de la Mission jusqu’en 2003. Puis l'inauguration des ashrams de Vrads Sande au Danemark et de Molena en Georgie (USA) en 1992, la location de Broomlee en Ecosse, etc.
Chari s'est fait une renommée en Occident. A la fin des années 90, il est temps pour lui de songer à rentrer au pays pour s’y imposer comme le seul maître du Sahaj marg.
Cette fois, il saigne les Occidentaux pour ses projets indiens. Et en 1999 on inaugure en grandes pompes le Babuji Memorial Ashram après deux ans de travaux (5 ha, un hall de méditation pour 13 000 personnes, 2 à 3 millions de dollars estimés à l'époque). Le transfert des fonds occidentaux vers l'Inde fonctionne à plein régime. Et les grands ashrams indiens suivent : Bangalore, Tiruppur, Hyderabad, Mumbai, Ahmedabad, Delhi, Allahabad, Kolkata, Satkhol…
A titre d'exemple, l'ashram d'Ahmedabad s'étend sur 2 hectares, son hall de méditation peut accueillir 2500 personnes, il y a des dortoirs pour 750 personnes et une quinzaine d'appartements…
En clair, Chari a commencé à investir en Europe et aux Etats-Unis, ou plutôt il a fait investir les abhyasis occidentaux chez eux, pour ensuite mieux pouvoir leur demander de financer son quartier général en Inde, ainsi que tous ses nouveaux projets. Les fondations viennent concrétiser tout ça…
En théorie, dans la nouvelle organisation impulsée par Santosh Khanjee, les fondations sont chargées de l’aspect matériel de la Mission donc de l’acquisition des ashrams, grâce à l’argent des donations. En pratique, les fondations captent bien désormais les donations occidentales intégralement, mais c’est pour mieux les utiliser à d’autres fins principalement en Inde.
Tout n'est donc pas rose pour les adeptes occidentaux qui désirent acquérir un ashram, loin de là. S'il fait partie du patrimoine de la Mission une fois acquis, cela n'empêche pas que l’ashram doit d’abord être financé en grande partie par les adeptes locaux eux-mêmes, les fondations y investissant souvent très peu, parfois rien.

Pour tout projet immobilier, il faut d’abord obtenir l’autorisation de Chari. Celui-ci décide de tout sans consulter les abhyasis. Pire encore, il joue les girouettes en donnant son accord et en le retirant aussi vite.
Exemples : en 2003, Chari revend le château d'Augerans contre l’avis des abhyasis français. En 2008, il parle de se débarrasser de l’ashram de Lausanne pour en construire un autre ailleurs, alors que les travaux de rénovation s'achèvent, toujours contre l’avis des abhyasis locaux.
La SRCM Océanie rêve depuis toujours d’un ashram. Chari en a visiblement décidé tout autrement. Un premier terrain est acheté à Armadale, près de Perth, en Australie en 2000. Chari leur fait revendre en 2003. Rebelote en 2011, les abhyasis achètent un nouveau terrain à Bringelly, près de Sydney. Chari décide de le revendre en 2012. Aucun acquéreur ne se présentant, il est maintenant question de le louer…
Le 16 mai 2006, Chari donne son accord aux Italiens pour leur projet d'ashram, mais il annule le projet une semaine plus tard, lui préférant le 2 juin suivant le projet berlinois. L’ashram milanais ne se concrétisera donc qu’en 2008. Dans la foulée, il s'oppose au projet londonien dont le bail de l'ashram écossais de Broomlee arrive à terme, et il faudra attendre 2012 pour que les anglais restés 6 ans sans rien acquièrent enfin un ashram à Londres.
En octobre 2008, il gèle tous les projets d’acquisition en raison de la crise financière mondiale, tandis qu'il accorde des passe-droits à quelques-uns. Puis 6 mois plus tard, tandis que les choses restent bloquées pour la plupart, il relance les investissements aux Etats-Unis …
Au moment même où il gèle tous les projets, le Centre de Chicago bénéficiaire d’un passe-droit acquière un local de plus de 200 m² à Warrenville pour un groupe d'environ 60 abhyasis et une quinzaine d'enfants, le 5 octobre 2008.
Feu vert aussi en avril 2009 pour l’acquisition d'un local à Cranberry par le groupe local, le futur ashram du New Jersey. Puis le 5 juillet 2009, c’est au tour du centre de Cleveland (Ohio) d’inaugurer ses nouveaux locaux. Toujours en juillet, Chari autorise la reprise des travaux d'extension des ashrams nord-américains.
Acquis en 1992, l'ashram de Molena est le Quartier général de la SRCM aux USA (à 80 km au sud d'Atlanta, en Georgie), il s'étend sur 13 hectares (32 acres). En septembre 2008, le Comité d'extension prévoyait 2 phases de travaux : la 1ère comportait la création d'une 2ème aile supplémentaire avec un hall de méditation de près de 300 m², une extension du réfectoire, des chambres et toilettes ainsi qu'un nouveau cottage. La 2nde phase consistait à créer un très grand hall de méditation dehors, à la place de la tente qui accueillait les grands rassemblements.
La 1ère phase des travaux d’extension, programmée pour débuter en octobre 2008 et s'achever le 30 avril 2009, a donc été bloquée par le discours d'austérité de Chari depuis Dubaï juste avant son commencement. Mais dès juillet 2009, il a finalement donné l'autorisation d'entamer cette première phase des travaux.
Nouvelle volteface courant 2013, le plus grand ashram historique de la Mission en Amérique du nord est finalement mis en vente. La librairie est déménagée à Cranberry et l’ashram nettoyé et vidé…
L'extension de l'ashram de Sunderland-Pioneer Valley dans le Massachussetts était aussi dans les cartons et a été gelée comme les autres en octobre 2008. En effet, cet ashram sert aussi bien aux abhyasis du nord des Etats-Unis qu'à ceux du sud du Canada. La recherche d'un terrain pour étendre sa surface a donc repris en septembre 2009 et une vaste campagne de collecte de fonds pour les ashrams a débuté. Sacrée austérité…

Chari décide donc seul des investissements de la Mission, sans tenir compte des abhyasis locaux. Mais revenons à l’aspect financier et à la participation des fondations.
Chari a décidé seul que l’ashram de Berlin serait un Centre de formation (CREST) de la Mission pour l’ensemble de l’Europe. Cependant, cela n’a pas empêché la fondation européenne de limiter son financement de l'acquisition de l’ashram à hauteur des deux tiers du montant total. L'association locale SRCM Allemagne n'avait d’autre solution que de se débrouiller pour trouver le tiers du financement restant. Du coup, même les autres associations ont participé : la France à hauteur de 35 000 € et la Suisse de 30 000. Les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou l'Italie y ont aussi participé.
Chari a refusé que ses fondations participent financièrement à l’acquisition de l’ashram londonien, malgré les quelques 1 500 euros versés en moyenne par abhyasi. Il n’a pas mis un centime non plus à Lyon quand la SRCM France s’engageait pour 150 000 euros et que les abhyasis locaux s’engageaient à trouver 3 000 euros chacun, faisant ainsi capoter le projet. Et combien a-t-il mis sur la table pour l'ashram national italien de Milan, quand on sait que la France y a participé à hauteur de 115 000 euros ?

Exemple canadien : Northern light – La lumière du nord. En 2012, Kamlesh Patel suggère aux Canadiens qu’ils se cotisent s’ils veulent eux aussi obtenir un ashram : “if 1,000 abhyasis each contributed $20 per month, that would be $20,000 per month and in a year we would have $240,000 – had we started five years ago we would be in a position now to acquire a property!” C’est donc un projet à 1,2 millions de dollars or la SRCM au Canada c'est 4 à 500 abhyasis seulement. Or la comptabilité locale de la SRCM montrait un bénéfice annuel de 43 000 $. A ce rythme, l’ashram c’est 28 ans plus tard et non pas dans 5 ans !
Chari pas fou, plutôt que d’envisager une participation de ses fondations, a voulu booster les Canadiens : approbation du projet le 28 décembre 2012 avec l’objectif d’une inauguration pour son anniversaire, le 24 juillet 2013.
Chari avait mis la pression, il fallait lui faire plaisir pour son anniversaire. Restait donc à trouver près de 3 000 $ par abhyasi en moins d’un an ! Début de panique en mars 2013, Kim Hansen écrit dans Echoes of North America: “(…) we have received gifts from several abhyasis in Europe who have heard about the project. We invite one and all to join us in bringing this project to fruition. There is no time to waste.”
Panique totale au début de l’été : pour respecter les délais fixés par Chari, le comité appelle les nord-américains à s’investir activement dans la collecte de fonds et les abhyasis du monde entier à la solidarité selon le principe du ‘One World, One Family’ en vue d’un nouveau Northern Light-Lumière du Nord  «phare de lumière» pour l'élévation de l'humanité, dont le site proche de Toronto (Ontario) a été sélectionné. Aux dernières nouvelles, la solidarité internationale pour répondre aux exigences de Chari a bien fonctionné…
Volteface encore ? Après des travaux de rénovation en 2009-10, l’ashram de Molena (le plus grand ashram historique de la Mission en Amérique du nord) est mis en vente courant 2013 tandis que celui de Beavercreek-Dayton dans l’Ohio fait l’objet d’un projet d’extension. Simple transfert d’activités de l’un à l’autre ? Techniquement peut-être, mais financièrement non ! Le projet de création d’un nouveau hall de méditation de 240 m² pour accueillir 300 personnes est estimé à 500 000 dollars. Les donateurs sont sollicités pour une mise en place courant 2014 et les fondations ne participent toujours pas. En septembre 2013, les donations atteignaient 176 000 dollars et les promesses de dons 124 000 dollars. Plutôt que de solliciter les fondations, de nouvelles campagnes de collecte de fonds sont organisées pour trouver les 200 000 dollars encore manquants…