Guide pour créer une organisation locale
Créer une structure locale devient indispensable quand le nombre d’abhyasis augmente et qu’il est nécessaire d’acheter ou louer des biens (ashrams ou centres de méditation), et d’ouvrir des comptes bancaires pour collecter les "contributions volontaires".
Mais le caractère démocratique des différents types d’organisations proposés par tous les Etats de la planète s’accorde vraiment bien mal avec le fonctionnement d’une Mission spiritualiste comme la SRCM de Chari, totalement a-démocratique.
Concilier les deux est un travail d’orfèvre.
D’où la mise en place par la SRCM d’un guide pour créer une structure locale ad hoc. Cette note interne de 19 pages, datée de 2008, récapitule les principales questions à se poser pour déterminer le type d’organisation le plus pertinent, les étapes clés à respecter, et propose des modèles de statuts pré-rédigés.
Habituellement en démocratie, l’assemblée générale des membres adhérents à une organisation est plénipotentiaire. L’objectif majeur de Chari (et de cette note) est de lui ôter tous ses pouvoirs…
La SRCM est basée sur les adhésions de ses membres mais elle est dirigée par un leader. Aucune élection de ses dirigeants n’est prévue. Le Président, du fait de son rôle de guide spirituel, est l'autorité suprême. Son autorité ne peut être mise en question. Malheureusement, il faut que ce soit conforme aux lois du pays d’accueil, d’où les difficultés pour choisir le meilleur type d’organisation.
Le président doit absolument conserver le contrôle général de l’organisation, mais avec une responsabilité limitée et si possible le moins de risques juridiques à encourir. L’organisation doit permettre le transfert des excédents financiers vers d’autres structures, dans et hors du pays. Le Président doit également pouvoir fixer une limite maximale de retraits sur le compte bancaire de la structure locale pour ses dépenses.
“The Mission in India is a membership based organization but it is leader-driven. It does not provide for elected officers or elected working committees/supervisory commissions. There are officers and there is an advisory body but these are appointed by the President. The President (by the nature of his role as a spiritual guide) is supreme and his authority cannot be questioned. All this is of course in compliance with the laws of the land where the Mission is active. (…) It is also common practice for surpluses to be transferred to the Mission or an entity designated by the Mission so that they may be applied in another country where local voluntary contributions are not enough to support the local organization. Thus contributions may flow both ways into and out of a given country. (…) Is it a body corporate and is the liability of the founders/owners limited? What are the legal risks that the President and the office-bearers face under law? (…) Can we provide safeguards within the constitutional document of this organization to ensure that the President retains overall control of the organization? (…) The local signing officers being the members of the Executive Committee must have a preset authorized spending limit based on local economic conditions, above which requires written consent from the President.”
Les statuts de l’organisation locale doivent permettre la reconnaissance de l’autorité suprême du Maître, un Président omnipotent et de nationalité étrangère.
Dans ce cas de figure, le schéma manageurial recommandé est composé de 3 niveaux : le conseil de direction, le comité exécutif et les membres. Le conseil de direction comprend Chari, le Maître Président, ainsi que son successeur et le ‘region-in-charge’, tous 2 désignés par Chari. Le comité exécutif comprend un vice-président (ou ‘centre-in-charge’), un trésorier et un secrétaire, tous sélectionnés par Chari qui conserve en outre le droit de veto sur toutes leurs décisions. Les membres constituent le plus bas niveau, ce sont les abhyasis.
Ce schéma manageurial correspond donc à l’idéal organisationnel imaginé par Chari. Les pays où ce type de structure est légalement possible constituent ce que la SRCM appelle la catégorie A. Malheureusement, la plupart des pays ne permettent pas un tel déni de démocratie. D’où les cas de figure B et C dans lesquels il faut contourner et/ou détourner les statuts pour permettre d’arriver aux mêmes résultats.
“The supreme authority of the local legal entity must be our Master in his capacity as President, SRCM India. This is implemented in countries where the law so allows (“Category A Countries”) by defining the highest ranking position in the organization, the office of the President, as being occupied by the then current President of SRCM India. (…)
The President, being our Master, must also be in a position to exercise overall authority over the organization including the right to veto decisions of the management council or other governing body. (…)
It is our approach to adopt a membership-based form of organization where possible. However, laws governing membership-based organizations in many countries do not permit any other body or person to have greater control over the affairs of an organization than its general members in assembly. While this is reasonable as a principle it poses some hurdles for a spiritual organization such as ours which cannot give way to procedures such as voting and election of officers. Thus, Master’s position as President although set forth in the Governing Documents, may not be secure because the general membership typically has the power to amend the Governing Documents. For this reason, it may also be difficult to enshrine the President’s veto rights in the Governing Documents. Furthermore, there are countries where foreign nationals or non-residents cannot be founders or members or officers (“Category B Countries”). Despite such restrictions we may approach this with the object that every effort must be made to reflect Master’s real authority in the organizational rules and governance structure to the extent possible and in accordance with the law. (…)
While Master must be the supreme authority, it is prudent that a separate body remains responsible (under law and the rules of the organization) for day-to-day affairs since this is likely to buffer Master from the immediate risk of any liabilities that may arise under contract or law due to the acts or omissions of functionaries. Where Master is the President of the membership-based organization, we can have a supervisory body and an executive body as depicted in the figure below.
(…) A list of key officers (Step 1b – See Section 5 on Management) must be prepared and kept ready for Master’s review and approval while the type of legal entity is considered and decided upon. It is preferable that more than one name be proposed for key positions such as the Chief Financial Officer and Compliance Officer. A record of their background, work experience and photographs may also be kept on file. The volunteers who agree to act as officers must be clear that there are no restrictions under contract or otherwise on their ability to serve as officers of our organization.”
Une fois traité le cas le plus facile des pays de la catégorie A, il va falloir commencer à ruser et/ou tricher avec les lois en vigueur. La SRCM propose donc une option B pour les pays où il n’est pas possible que Chari occupe la présidence. Contrairement au schéma précédent, le premier niveau n’existe plus. Le ‘centre-in-charge’ est donc le président par la force des choses, et il est membre du comité de management, avec le trésorier et le secrétaire.
Dans ce cas de figure, on va jouer sur le niveau le plus bas, celui des membres, les abhyasis actifs. Pour ce faire, la SRCM distingue parmi eux les précepteurs (désignés par Chari), au sein desquels il nomme des ‘membres délégués’, seuls habilités à voter. Tous les autres membres actifs sont appelés ‘membres généraux’, ils n’ont pas le droit de vote (sauf si le président en décide autrement), ne sont pas comptabilisés dans le quorum, et n’ont pas plus de rôle consultatif. Le président peut aussi déterminer si un membre est actif ou non. Aux Etats-Unis, la SRCM applique à la lettre ce schéma de 2 groupes de membres généraux non votants et de membres délégués votants…
Enfin, Chari doit pouvoir exercer son pouvoir de veto sur le comité de management. Il va donc falloir jouer avec les documents fondateurs constitutifs de l’organisation. Ils sont souvent de 2 types : les statuts fondateurs d’un côté, un document opérationnel subsidiaire de l’autre. Et c’est seulement sur ce dernier que l’on va indiquer le véritable mode de fonctionnement a-démocratique de la structure. C’est le schéma type qui a été choisi en France, avec les statuts fondateurs de l’association loi 1901 d’un côté, un règlement intérieur totalement dictatorial de l’autre (voir à ce sujet - Règlement intérieur français).
“Option B :
Where the laws do not permit Master to occupy the office of President, the need for two separate bodies within the governing structure is dispensed with. So we can have a single Managing Committee (consisting of the three main functionaries at the least and any additional members if the law so requires).
In such a case we still need to provide for a manner in which Master can secure the direction in which the organization proceeds. This may be done by providing for the power of the President, SRCM India to designate a class of voting members from the general membership. Alternately it may also be provided that this class of members, the Delegate Members, will need to be prefects certified by the President, SRCM in order to be so chosen.
(…) “Prefects” means spiritual trainers of the Sahaj Marg system of meditation as authorized and certified by the President, SRCM India.
General Membership. Active practitioners of the Sahaj Marg system of meditation, practising under the guidance of the spiritual Master being the President [replace with - President, SRCM India – for Category B Country] SRCM may be admitted as “General Members” by Prefects. Active practitioners are those who: (i) regularly practice morning meditation, evening cleaning, nightly prayer; (ii) are given regular individual sittings by Prefects; (iii) regularly participate in group meditations; and (iv) show interest in progressing spiritually in the Sahaj Marg system. The President may, from time to time, determine whether a practitioner is active or non-active. It being understood that this is a spiritual determination the decision of the President on this matter shall be final and not open for examination or review by the [Board of Directors/Executive Committee/Committee of Management] or the members (in general meeting or otherwise) or any office bearers.
Delegate Members. General Members may be designated and appointed as “Delegate Members” by the President at his discretion. On such appointment Delegate Members shall be entitled to vote at annual general meetings and special meetings.
For the purpose of abundant clarity, General Members shall not have voting rights and shall not (unless the President otherwise directs) be included for the purposes of notices or constitution of quorum in connection with meetings of the members (including annual general meetings and special meetings); Preceptors shall have no legal status or entitlements in the Mission other than the duty to facilitate the admission of General Members; the issuance of an identity card to any practitioner shall in no way be construed as a proof of membership in the Mission; the authoritative record of General Membership and Delegate Membership shall be the Register of Members; the President may at any time instruct the Vice President to re-designate a Delegate Member as a General Member in the Register of Members and such a member shall lose his Delegate Member status with effect from the date of such instruction by the President.
The Mission shall keep in written form or any form capable of being converted into written form a current register of members (“Register of Members”) of the Mission containing the name, address, and occupation of each member, together with the date on which the person became a member and the class of each member. The Register of Members shall be maintained and updated by the Vice President under directions from the President, shall be kept at the principal office of the Mission and shall be subject to the rights of inspection required by law.
Members Are Not Agents. The management of the Mission is vested in the Board and its authorized officers acting with the approval of the President. No Member, acting solely in the capacity of a Member, is an agent of the Mission nor can any Member in such capacity bind nor execute any instrument on behalf of the Mission.
(…) Governing documents refer to the documents by which an organization is run. They are usually prepared and executed by the founders of the organization and thereafter by members of the organization. They are referred to variously as charter documents, constitutional documents or statutes. In many countries there are two sets of charter documents (a) a founding document (such as a memorandum of association in UK or a declaration in France) (b) a subsidiary operational document (such as articles of association in UK or internal regulations in France). Typically, the subsidiary document is meant to be more flexible and detailed and the bar for amending it is much lower than with a founding document. In other countries and/or for certain types of organizations, there is a single governing document such as a charter (устав) in the former Soviet Republics or a trust deed in the UK, India and other commonwealth countries. Many of the suggestions in this note relate to the Governing Documents and the language and provisions they may contain.”
Restent malheureusement bien des pays où il existe des règles d’élection trop strictes, voire d’autres aspects démocratiques particulièrement dérangeants. D’où l’option C prévue par la SRCM, où il est tout simplement envisagé de séparer la possession des actifs des autres activités de la Mission.
Dans ce cas de figure, il faut créer une structure supplémentaire, de type fondation, au seul nom de Chari pour la détention et la gestion des actifs de la Mission. Celle-ci met alors à disposition ses biens à l’organisation locale beaucoup trop démocrate aux yeux de Chari.
On notera que suite à la diffusion de cette note interne en 2008, on compte très peu d’associations sans but lucratif parmi les récentes organisations locales créées, à l’exception des SRCM du Royaume-Uni, de l’Irlande, du Népal ou de l’Etat du Jammu–et-Cachemire en Inde.
A l’inverse, une Sahaj Marg Spirituality Foundation, organisation sans but lucratif est déclarée au Département du développement économique de Dubaï le 31 mai 2004. Après la Fondation SMSF de Dubaï, une nouvelle Sahaj Marg Spirituality Foundation a vu officiellement le jour le 5 mars 2012 à Singapour. De même à Hong Kong, nouvelle tête de pont du développement de la Mission en Chine.
“Option C :
An option to be considered in countries that are particular about elections and other democratic aspects of an organization, is to separate the asset holding functions from other activities in the following manner:
Where it is structurally difficult to avoid elections and other aspects of democratic functioning in the membership organization the properties of the Mission may be held by a foundation, trust, institution or other similar single founder organization. This organization may then make available its premises to the membership organization for its activities.”
Au terme de ce long décryptage de la note interne de la SRCM, la conclusion est on ne plus simple : Chari et son organisation spiritualiste s’accordent particulièrement mal avec les principes démocratiques modernes et ne le cachent pas. Leur seul objectif est de les contourner, pour donner tous les pouvoirs à Chari, sans limites.
La relation idéalisée de Maître à disciple s’effondre, il n’y a que pouvoir de nomination, désignation et donc ségrégation ou droit de veto…
On serait tenté d’imaginer que c’est dû au rôle particulier d’un Maître spirituel, seul et unique guide dictatorial possible dans une religion ou dans ce spiritualisme. Mais l’attention accordée aux biens matériels dans cette note le prouve, la propriété (droit d’user et d’abuser) des actifs de la Mission est aussi importante que la toute puissance du Maître. Infaillible (comme le Pape), Chari se verrait volontiers à la tête d’une fondation uninominale pour gérer tous ces biens. La seule chose, c’est qu’il ne veut pas encourir de risques juridiques. Prêt à amasser et prendre tous les pouvoirs, mais pas prêt à en assumer la responsabilité…
Habituellement en démocratie, l’assemblée générale des membres adhérents à une organisation est plénipotentiaire. En spiritualité, il y a un Maître en relation d’amour avec ses disciples. Ici, cette organisation pyramidale ressemble à une entreprise avec un PDG qui réclame obéissance et service à ses salariés et engrange les bénéfices.
Source : Guidance note – Registering a local organization – 19 pages – SRCM, 12/08/2008
http://www.sahajmarg.org/c/document_library/get_file?p_l_id=57279&folderId=628266&name=DLFE-12905.pdf
Liens :
- Règlement intérieur
- Associations, fondations et sociétés