Quel est le pouvoir de séduction de la SRCM en dehors du public d’origine indienne ?
L’Inde c’est 93% des sympathisants du Sahaj marg, 82% des cotisants, 68% des pratiquants réguliers et 55% des précepteurs.
Côté financier, l’Inde c’est 67% du chiffre d’affaire de la SRCM de Chari, 62% du patrimoine hors foncier, mais c’est aussi l’essentiel du foncier.
L’Inde c’est environ un millier de centres de méditation contre 102 outremer, c’est aussi 140 à 200 ashrams selon la Mission contre 17 outremer, et c’est encore 2 centres de formation (CREST), 2 centres de retraite, une école (LMOIS) et le siège mondial de la Mission (BMA).
Alors que reste-t-il donc de la Mission à l’étranger ? Pas grand-chose !
L’Europe, l’Amérique du nord avec les USA surtout, un peu le Moyen-orient et la péninsule malaise, la corne sud africaine avec Madagascar et Maurice, trois fois rien dans l’Océanie…
Six pays de la diaspora indienne comptaient plus d’un million de ressortissants d’origine indienne en 2002 : la Birmanie, les USA, la Malaisie, l’Arabie saoudite, le Royaume-Uni et l’Afrique du sud.
Deux tiers de la diaspora indienne mondiale est concentrée dans les zones suivantes : 5 millions dans la péninsule malaise, 3 à 4 millions au Moyen-orient, 2 millions dans la corne sud africaine, presque autant aux USA, plus d’un million au Royaume-Uni.
Etrange parallélisme entre effectifs outremer de la SRCM et diaspora indienne…
Creusons les choses un peu plus, voulez vous :
Historiquement, à la fin des années 60 et au début des années 70, lorsque la Shri Ram Chandra Mission a débordé des frontières de l’Inde, elle s’est épanouit principalement dans la péninsule malaise et dans la corne sud de l’Afrique, régions de peuplement indien très ancien avec la première vague d’émigration du XIXème siècle : recrutement de main d’œuvre bon marché suite à l’abolition de l’esclavage au sein de l’empire britannique en 1833-34.
La deuxième vague migratoire s’est produite beaucoup plus tard, après l’indépendance, dans la seconde moitié du XXème siècle. Elle concernait des indiens qualifiés partant pour les pays développés, c’est la génération Chari, exilé un temps en ex-Yougoslavie. La troisième vague a débuté au milieu des années 70, avec le choc et le boom pétroliers, vers les pays du Golfe qui recherchaient des travailleurs temporaires peu qualifiés. La quatrième et dernière vague a commencé dans les années 90 avec la mondialisation, l’ouverture économique de l’Inde et le potentiel des marchés de destination.
Ce n’est donc pas un hasard si le Sahaj marg prolifère d’abord en Malaisie, à Maurice ou en Afrique du sud. L’ashram de Lenasia est un des plus anciens ashrams étrangers, par exemple. Dubaï et les autres pays du Golfe se distinguent beaucoup plus tard…
Babuji et Chari effectuent leur premier voyage aux Etats-Unis en 1972. Au milieu des années 80, Chari se plaint que le nombre d’abhyasis n’a pas progressé. En 2003, il réclame que les indo-américains fassent un peu de place aux américains natifs au sein de la Mission…
Entre les deux, la population indo-américaine s’est constituée sur la quatrième vague d’émigration : les USA comptent 800 000 ressortissants d’origine indienne en 1990, 1,7 millions en 2000 et 2,3 millions en 2005 !
Parallèlement, la SRCM se développe : en 1995, déjà 50% des précepteurs sont d’origine indienne. En 2007, deux tiers des nouveaux précepteurs le sont aussi. Et Chari s’inquiète à juste titre du sort des Américains natifs…
Dans le top 50 des plus gros donateurs d’outremer à la Shri Ram Chandra Mission indienne, 34 sont d’origine indienne, et plus précisément 31 sont indo-américains. Les trois premiers d’entre eux ont contribué pour plus de la moitié des dons.
La plupart sont à la tête de start-up dans l’informatique hard ou software, ou bien dans la production de médicaments génériques. Les Patel du Gujarat détiennent près de la moitié de l’hôtellerie américaine.
On retrouve ainsi toute la nouvelle middle class indienne, en moyenne plus diplômée, plus travailleuse et mieux rémunérée que les Américains natifs, mais aussi une génération d’expatriés déracinés et tiraillés entre leurs origines et la modernité.
La très grande majorité des abhyasis de par le monde sont indiens ou d’origine indienne. Il semble donc que ce ne soit pas un hasard si la SRCM se développe essentiellement dans les zones d’immigration indienne, elle a toutes les difficultés du monde à vraiment se développer ailleurs.
Chari fut le premier homme de la diaspora du Sahaj marg ! Ce n’est pas un hasard si son successeur, Kamlesh Patel, est indo-américain…
Mais je vous entends déjà récriminer. Et l’Europe alors ? Il oublie l’Europe ! Il raconte n’importe quoi…
Eh oui, l’Europe est l’exception. Seule l’Angleterre est un lieu de forte immigration indienne, les autres pays comptent peu de population indienne, et pourtant la Mission s’y est développée.
Certes, c’est vrai pour la France et le Danemark, un peu aussi en Suisse et en Allemagne, mais c’est à peu près tout. Partout ailleurs, les effectifs sont réduits et progressent peu, voire stagnent ou régressent…
Bref, hormis une poignée d’illuminés, le Sahaj marg n’a jamais conquis que des Indiens… et comble du paradoxe, des Français et des Danois.
Son pouvoir de séduction – celui de la SRCM, du Sahaj marg et/ou de Chari – se cantonne aux Indiens, il est assez pitoyable ailleurs. Mais Chari a réussi à séduire des Danois et des Français…
Liens :
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